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- 2. Le Japon face à des problèmes structurels et conjoncturels
- 3. L’exception chinoise : une puissance économique et institutionnelle renforcée
- 4. Les autres BRICS aux prises avec de grandes difficultés
- 5. Les pays en voie de développement en souffrance
- 6. Europe : de sévères crises sanitaire et économique, mais un sursaut collectif
ÉCONOMIE MONDIALE 2020 : l'effondrement économique, sombre corollaire de la crise sanitaire
L’année 2020 est marquée par un terrible choc : la pandémie de Covid-19, qui répand la maladie et la mort et qui, au niveau économique, engendre crises profondes et incertitude. Elle est rythmée par les fluctuations de l’épidémie et les à-coups des décisions politiques. La plupart des pays ont ainsi connu un stop-and-go, avec l’alternance de confinements et de déconfinements, de contractions d’activité et de reprises.
Bien que la pandémie, qui, à la fin de 2020, a touché environ 85 millions de personnes et causé de l’ordre de 1,9 million de décès, se soit propagée avec une intensité et un enchaînement différents selon les pays, toute l’économie mondiale est profondément impactée par les mesures prises dans chaque pays, qu’elles visent à endiguer la propagation du virus ou à en atténuer les conséquences économiques et sociales. Elle est ainsi au cœur d’une crise multidimensionnelle qui affecte tous les ressorts de la vie sociale. Au niveau politique, s’impose partout un triptyque diabolique, véritable casse-tête des dirigeants, où l’économie entre en conflit avec la santé et la liberté – liberté de se déplacer, de travailler, d’entretenir des rapports sociaux.
Entre deux extrêmes, le confinement total et le simple respect des « gestes barrières », les mesures sanitaires comportent toute une gamme de restrictions, principalement des interdictions de certaines activités collectives (enseignement, sport, spectacles, restauration, rassemblements) et des limitations de mobilités nationales et transfrontalières. L’effet économique est brutal sur les capacités productives – l’offre – comme sur la demande, les revenus en baisse entravant la consommation. La crise se transmet rapidement entre les pays par la rupture des chaînes d’approvisionnement comme par l’effondrement de la demande. Les pouvoirs publics doivent recourir à une panoplie de mesures, différentes selon les pays, destinées à en amortir les conséquences sur les personnes et sur l’appareil productif : maintien des emplois, soutien des revenus, injection de liquidités.
La crise est donc générale : la variation de PIB mondial perd près de 7,5 points, la croissance passant de 3 p. 100 en 2019 à –4,4 p. 100 en 2020. Pour les pays avancés, elle atteint –5,8 p. 100, plus marquée pour la zone euro (–8,3 p. 100) que pour les États-Unis (–4,3 p. 100). Les géants asiatiques offrent deux cas extrêmes : la Chine, seul pays à bénéficier d’un taux positif, ne perd que 4 points de croissance, de 6 p. 100 à 2 p. 100, alors que l’Inde en perd 14, passant de 4 p. 100 à –10 p. 100. Pour les pays en développement se conjuguent les effets de la pandémie sur des systèmes de santé précaires, la baisse des débouchés pour les matières premières, l’effondrement du tourisme et des entrées de fonds opérées par les travailleurs émigrés.
À l’inverse des crises précédentes où le secteur des services était moins touché que l’industrie manufacturière, les activités de services reposant sur des interactions entre personnes (restaurants, cafés, hôtellerie, tourisme, arts et spectacles…) ont été particulièrement affectées.
Les répercussions sur le commerce mondial sont fortes, mais moindres qu’en 2008-2009. Celui-ci baisse de 9,2 p. 100 en volume, en dépit d’une évolution positive pour les échanges de produits médicaux liés à la Covid-19 et électroniques (smartphones, ordinateurs), parallèlement à une contraction faible des échanges de produits alimentaires. Toutefois, la comparaison avec la crise de 2009 est éloquente : si la baisse du volume des échanges en 2020 est plus de deux fois supérieure à celle du PIB, la crise financière avait alors entraîné une chute du commerce mondial six fois plus forte que celle du PIB. Cette résistance relative des échanges internationaux s’explique par l’effet des mesures de[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias