- 1. États-Unis, les ombres d’une fin de mandat
- 2. Le Japon face à des problèmes structurels et conjoncturels
- 3. L’exception chinoise : une puissance économique et institutionnelle renforcée
- 4. Les autres BRICS aux prises avec de grandes difficultés
- 5. Les pays en voie de développement en souffrance
- 6. Europe : de sévères crises sanitaire et économique, mais un sursaut collectif
ÉCONOMIE MONDIALE 2020 : l'effondrement économique, sombre corollaire de la crise sanitaire
Les autres BRICS aux prises avec de grandes difficultés
L’Inde, un effondrement catastrophique
Troisième pays le plus touché en termes de nombre de morts (de l’ordre de 150 000), mais avec un faible ratio de décès rapporté à la population (un peu plus de 100), l’Inde a dû mettre en place un strict confinement au printemps. L’économie indienne est dramatiquement affectée par la crise : depuis 2003, en dehors d’un taux de croissance de 3 p. 100 en 2009, l’Inde a enregistré pendant seize années un taux de croissance compris entre 5 et 8 p. 100, dont onze années avec un taux de croissance supérieur à 7 p. 100. En 2020, celui-ci tombe à –10,3 p. 100. La chute est inégale selon les secteurs : alors que le secteur primaire a été relativement épargné, le secteur industriel a été considérablement ébranlé et celui des services s’est effondré. Les conséquences humaines sont catastrophiques : dans un pays où l’emploi formel ne compte que 10 p. 100 des actifs, qui sont les moteurs de l’épargne et du crédit, une baisse de 20 p. 100 de ces effectifs salariés (soit 19 millions de personnes) affecte profondément l’équilibre macroéconomique. Les jeunes, qui représentent plus de 45 p. 100 de la population active, sont les premières victimes. Ce pays, extrêmement inégalitaire, qui regroupait en 2015 le quart de la pauvreté mondiale – cette proportion tendait à reculer sous l’effet d’une croissance forte –, enregistre un retour en arrière dramatique.
En dépit d’une poussée inflationniste, la Banque de réserve de l’Inde (RBI) a mené une politique active. Comme dans de nombreux pays, la situation des finances de l’État central et celle des États fédérés s’est dégradée fortement, mais la balance commerciale s’est améliorée sous l’effet de la baisse des importations (contraction de la consommation et baisse des prix des hydrocarbures).
La Russie, victime de sa dépendance aux hydrocarbures
La Russie est très affectée par la baisse de plus de 10 p. 100 de la demande mondiale de gaz, dont elle est le premier producteur (20 p. 100 de la production mondiale), et de pétrole (troisième derrière les États-Unis et l’Arabie Saoudite), pour lequel la baisse des prix se conjugue avec une baisse des volumes. Le budget fédéral, dont les prélèvements sur les hydrocarbures représentent 40 p. 100 des ressources, et l’ensemble de la production industrielle s’en trouvent fragilisés. De plus, le rouble a fortement baissé : si, en début d’année, un euro s’échangeait contre 70 roubles, le cours montait à plus de 90 roubles en fin d’année, ce qui nourrit des tensions inflationnistes. Bien que la récession soit moins marquée que dans la zone euro, elle a fait basculer plus d’un million de personnes en dessous du seuil de pauvreté et le président Poutine a repoussé de 2024 à 2030 son objectif de réduction de la pauvreté de 50 p. 100. De surcroît, les tensions géopolitiques – crises dans la sphère d’influence russe (la Biélorussie en particulier), tentative d’assassinat de l’opposant Alexeï Navalny et réactions internationales… – s’accentuent et pourraient peser sur le projet gazier russo-allemand, Nord Stream 2. Enfin, le déclin de la population active, l'insuffisance de la diversification industrielle ainsi que la faiblesse de la productivité et du taux d'investissement sont autant de faiblesses structurelles de l'économie russe qui entravent les possibilités de croissance à long terme.
L’Afrique du Sud : l’ère post Zuma et les tensions dues à la crise
Pays du continent le plus industrialisé, l’Afrique du Sud est aussi celui qui a été le plus affecté par la pandémie (plus de 700 000 cas, plus de 20 000 décès). Le confinement sévère adopté au printemps s’est traduit par une chute brutale du PIB, les secteurs des mines, de la construction, de l’industrie[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
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Médias