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- 2. Le Japon face à des problèmes structurels et conjoncturels
- 3. L’exception chinoise : une puissance économique et institutionnelle renforcée
- 4. Les autres BRICS aux prises avec de grandes difficultés
- 5. Les pays en voie de développement en souffrance
- 6. Europe : de sévères crises sanitaire et économique, mais un sursaut collectif
ÉCONOMIE MONDIALE 2020 : l'effondrement économique, sombre corollaire de la crise sanitaire
Europe : de sévères crises sanitaire et économique, mais un sursaut collectif
L’Europe, continent le plus touché par les deux vagues de pandémie de 2020 – en particulier la Belgique, l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni et la France – est aussi très affectée par la crise économique qui en découle. Mais l’impact de la deuxième vague en fin d’année est plus faible en raison de contraintes atténuées et d’une adaptation des acteurs économiques à la situation. Les secteurs sont inégalement touchés, les services de contact avec la clientèle étant sinistrés alors que l’industrie est moins frappée. La crise économique pèse sur l’emploi malgré les mesures massives de chômage partiel : le nombre de chômeurs a augmenté de 13 p. 100 pour arriver à 16 millions, le taux de chômage des moins de vingt-cinq ans a augmenté de plus de 2 points passant à 18 p. 100 dans la zone euro. Sur le plan monétaire, le taux d’inflation est proche de zéro, alors que la politique monétaire accommodante est source d’inquiétude ; le cours de l’euro, stable à 1,1 dollar pour un euro dans la première moitié de l’année, est passé au dernier trimestre à 1,2.
L’Allemagne, sensiblement moins touchée que les autres pays européens, a opéré des révisions de politique économique, faisant passer le pragmatisme avant l’orthodoxie économique et financière : le dispositif de chômage partiel (Kurzarbeit), destiné à permettre aux entreprises de conserver les compétences pendant la crise, a été largement utilisé, quitte à retarder les restructurations nécessaires dans des secteurs tels que l’automobile ou la métallurgie. La suspension des règles d’insolvabilité, destinée à éviter des faillites d’entreprises, joue dans le même sens. Toutefois, c’est dans le domaine des finances publiques que l’Allemagne a opéré le plus grand virage, passant d’un excédent de plus de 1,2 p. 100 du PIB au cours des dernières années à un déficit de l’ordre de 7 p. 100, s’expliquant, pour un tiers, par l’effet conjoncturel, et surtout par d’audacieux plans de relance de 750 milliards et de 130 milliards adoptés en mars et en juin.
L’Italie et l’Espagne, très frappées par la pandémie voient leurs économies durement atteintes, en particulier par le naufrage des activités liées au tourisme ; c’est l’Espagne qui connaît en Europe la plus forte baisse de sa production en raison de la part des services et des petites entreprises dans son économie.
L’économie du Royaume-Uni souffre de l’orientation de son industrie vers la consommation des ménages. La perspective du Brexit a occupé encore le devant de la scène jusqu’au 30 décembre, date de la signature d’un accord de commerce et de coopération avec l’Union européenne. En dehors de la pêche, les négociations se sont concentrées sur l’accès au marché intérieur européen, soulignant la difficile compatibilité entre un retour à une souveraineté absolue, exigé par le gouvernement britannique, et l’interdiction de toute pratique de concurrence déloyale sur le marché européen. Par ailleurs, le Royaume-Uni s’est activé à signer des accords avec des pays tiers, dans le but d’éviter d’en être réduit aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais ces accords ne sont pas plus avantageux que ceux de l’Union européenne et ne représentent que 10 p. 100 du commerce britannique alors que l’Europe en représente 50 p. 100.
La France, elle aussi sévèrement touchée par la Covid-19, a mis en œuvre des politiques vigoureuses de soutien à l’emploi (chômage partiel) et aux entreprises, auxquelles s’ajoute l’annonce d’un plan à plus long terme de 100 milliards destiné à promouvoir la croissance et s’appuyant sur trois grands piliers : l’écologie, la compétitivité, la cohésion sociale. Le déficit public a été multiplié par quatre, arrivant à[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias