- 1. États-Unis : des tournants de politique économique sur fond d’inflation
- 2. Europe : des performances atypiques et un répit macroéconomique
- 3. Japon : une trajectoire toujours singulière
- 4. Chine : le ralentissement de la croissance
- 5. Russie : la résistance aux sanctions
- 6. Inde : une croissance en mirage
- 7. Brésil : embellie économique et désastre environnemental
- 8. Pays du Sud : le cumul des crises extrêmes
- 9. Conclusion
ÉCONOMIE MONDIALE 2022 : le cumul des crises
Pays du Sud : le cumul des crises extrêmes
La plupart des pays en développement sont victimes d’un enchaînement de crises d’origines et de formes multiples : sanitaires, géopolitiques, climatiques, financières et sociétales.
Les effets économiques et sociaux de la pandémie de Covid-19 sont toujours présents, en raison notamment du faible taux de vaccination, et se conjuguent avec les multiples répercussions de la guerre en Ukraine. Les conséquences des ruptures des circuits d’approvisionnement sont désastreuses, qu’il s’agisse de l’énergie, des produits alimentaires ou des engrais. L’activité, industrielle et agricole, est entravée et les populations subissent de fortes pertes de pouvoir d’achat. Par ailleurs, la plupart des pays en voie de développement sont particulièrement touchés par le changement climatique. À ces trois facteurs qui affectent le monde entier, s’ajoutent deux autres fléaux : la dette, qui restreint les possibilités de soutien des États et qui accroît la dépendance par rapport aux bailleurs de fonds ; les conflits, générateurs de misère (Afghanistan, Éthiopie, Sahel…).
Les conséquences de ces crises multiples sont elles aussi plus dramatiques qu’ailleurs. La croissance est entravée et la pauvreté se répand. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, le monde fait face à la pire crise alimentaire et humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale : la population touchée par la famine est passée de 80 millions en 2017 à 276 millions en 2020 sous l’effet conjugué des chocs climatiques, géopolitiques et sanitaires, et atteint en 2022, avec la guerre en Ukraine, 345 millions. De surcroît, misère et changement climatique nourrissent les migrations.
Au sein de cet ensemble de pays, l’Afrique subsaharienne est particulièrement affectée. Du fait de son intégration dans l’économie mondiale, elle subit de plein fouet les turbulences commerciales et financières. Les exportations pâtissent du ralentissement des économies occidentales et des pays émergents, leurs principaux clients, et la volatilité des prix des matières premières perturbe l’économie des pays exportateurs. L’augmentation des taux d’intérêt et l’attractivité financière des États-Unis réduisent les possibilités de financement. De surcroît, ces pays subissent une inflation importée d’autant plus néfaste que, concernant les produits alimentaires et l’énergie, elle touche les populations les plus vulnérables, engendrant appauvrissement et risque de dislocation sociale. S’ajoutent à ces crises les effets du changement climatique : certaines régions connaissent une sécheresse extrême – plus de 20 millions de personnes sont menacées dans la Corne de l’Afrique (est de l’Éthiopie, nord du Kenya, Somalie) –, tandis que d’autres souffrent d’inondations, en Afrique australe en particulier.
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias