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ÉCONOMIE MONDIALE 2023 : dureté financière, ralentissement et fragmentation des échanges

Afrique subsaharienne : divergences de trajectoire et menaces multiples

La croissance en Afrique subsaharienne ralentit nettement en 2023 pour atteindre 2,7 %, contre 3,8 % en 2022 ; compte tenu du taux de croissance de la population (2,5 %), le PIB par tête ne progresse pratiquement pas. La région pâtit du faible dynamisme des grandes économies, qu’il s’agisse de l’Afrique du Sud (0,5 %) ou de l’Angola (1,3 %), pays exportateurs de produits de base victimes de la « malédiction des matières premières », alors que les pays à économie plus diversifiée (Sénégal, Côte d’Ivoire, Kenya ou Rwanda) enregistrent de meilleurs résultats. Deux zones connaissent ainsi une croissance plus forte, la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) avec une croissance de 4,9 % et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) (5,1 %). La hausse des prix ralentit, mais reste à un niveau élevé avec un taux moyen de 7,3 % en 2023, contre 9,3 % en 2022. Les pressions inflationnistes affectent les prix des denrées alimentaires et des carburants, ce qui pèse sur le revenu des ménages et, ici aussi, particulièrement sur les plus pauvres. Certains pays sont pris dans le cercle vicieux forte inflation-dépréciation de la monnaie-renchérissement des importations. De surcroît, l’instabilité politique et les coups d’État (Niger en juillet, Gabon en août) ne sont pas favorables à la vie économique, alors que les activités terroristes aux pays du Sahel ont des effets dévastateurs sur les vies humaines, les structures sociales et les moyens de subsistance. Ces pays sont particulièrement affectés par le resserrement du crédit et la hausse des taux d’intérêt qui freinent la consommation et l’investissement et, alourdissant la dette publique, réduisent encore les marges de manœuvre budgétaire et entraînent des réductions de dépenses sociales.

Les problèmes structurels demeurent en Afrique subsaharienne. Le surendettement des États s’accroît et la dette est réorientée vers des emprunts au profit de créanciers privés et de créanciers bilatéraux n’appartenant pas au Club de Paris, institution qui tente de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés.

La création d’emplois est insuffisante face à la croissance démographique et la qualité des emplois reste très défaillante, qu’il s’agisse des statuts – seul un travailleur sur six a un emploi salarié – ou des qualifications. L’insécurité alimentaire perdure : de nouvelles causes (multiplication des dérèglements climatiques et effets des conflits et des guerres) s’ajoutent aux facteurs anciens – héritage colonial, dans lesquels les pays exportateurs de produits agricoles sont aussi de grands importateurs en raison de leur spécialisation, conséquence néfaste de la protection des agricultures des pays riches et des dumpings alimentaires (lait en poudre, par exemple).

L’année économique 2023 est ainsi marquée par des dynamiques contrastées, positives pour les États-Unis, la Russie, l’Inde et le Brésil, ralenties pour la Chine et moroses pour l’Europe. La fragmentation des échanges s’accentue, la transition énergétique demande, outre un changement dans les mentalités, de très importants capitaux, et la rigueur monétaire fait planer de lourdes menaces.

— Jean-Pierre FAUGÈRE

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