- 1. États-Unis : une dynamique de croissance fortement poussée par l’État
- 2. Europe : des gouvernements faibles face au décrochage économique
- 3. Japon : une croissance faible malgré un relâchement des salaires
- 4. Chine : une fébrilité politique face aux tendances déflationnistes
- 5. Russie : Les bénéfices de l’économie de guerre
- 6. Inde : croissance exceptionnelle et bilan social désastreux
- 7. Brésil : de bons résultats économiques dans un environnement défavorable
- 8. Argentine : austérité et dérégulation
- 9. Afrique subsaharienne : une croissance entravée
ÉCONOMIE MONDIALE 2024 : croissance faible, désinflation et fragmentation accrue
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L’événement marquant de l’année 2024 est le recul de l’inflation, tout particulièrement dans les pays avancés où la hausse des prix, de 7,3 % en 2022, puis de 4,6 % en 2023, est passée à 2,6 % en 2024. Cette désinflation rapide surprend à différents points de vue : les politiques monétaires restrictives ont eu une efficacité remarquable et plus forte qu’espérée ; en outre, le ralentissement de la hausse des prix n’a pas eu pour contrepartie une récession ni une forte dégradation de l’emploi. L’explication de cet atterrissage en douceur est à chercher dans la singularité de l’inflation des années précédentes dont les origines sont en grande partie exogènes, qu’il s’agisse de la pandémie de Covid-19, qui a affaibli la production, provoqué des ruptures des chaînes d’approvisionnement et suscité des politiques de soutien des revenus, ou de la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie en février 2022, qui a créé des tensions sur les prix des matières premières et multiplié les cloisonnements commerciaux. De surcroît, à la différence des années 1970, l’absence de spirale prix-salaires n’a pas nourri le processus inflationniste et donne plus de flexibilité aux économies et de pertinence aux politiques monétaires d’austérité, au détriment du pouvoir d’achat.
Les bienfaits de la désinflation sont patents : elle est génératrice de récupération de pouvoir d’achat ; elle contribue à une relative stabilisation des taux de change ; elle permet une baisse générale de taux d’intérêt favorable à l’investissement et à la reprise de l’activité.
Toutefois, si l’économie mondiale a évité une lourde récession, elle semble s’installer durablement dans une croissance faible. Les facteurs qui avaient soutenu la croissance à partir des années 1990 se sont affaiblis ou ont disparu, sous l’effet du cumul de quatre tendances : le vieillissement de la population mondiale, le ralentissement des rythmes d’investissement, le fléchissement des gains de productivité des facteurs et l’atonie du commerce international. Les échanges mondiaux, qui ont longtemps enregistré un taux de croissance supérieur à celui de la production mondiale et constitué un moteur des dynamismes nationaux, connaissent un : en 2024, 2,4 % pour 3,2 % de croissance. Ce ralentissement durable de l’activité affecte particulièrement les pays les moins développés ; selon un rapport de la Banque mondiale d’avril 2024, pour la première fois depuis le début du xxie siècle, la moitié des 75 pays les plus vulnérables du monde enregistre un creusement de l’écart de revenu national avec les économies les plus riches.
Dans la plupart des pays, les finances publiques sont dans un état critique mais la réduction des déficits, toujours politiquement difficile, se heurte aux nécessités de solidarité nationale et d’investissement dans la lutte contre le changement climatique. Toutefois, les effets récessifs de l’austérité budgétaire peuvent être atténués par une policy-mix (articulation des politiques monétaire et budgétaire) associant aux réductions de dépenses publiques et aux augmentations d’impôts une baisse des taux d’intérêt favorable à la demande des ménages des entreprises et à la charge de la dette publique.
Le libre-échange recule et la fragmentation des échanges s’enracine : le protectionnisme de précaution (de-risking), apparu avec la Covid-19, visant à limiter les dépendances, notamment en matière de médicaments ou de produits alimentaires, se conjugue avec le protectionnisme de sanction politique, à l’égard de la Russie mais pas seulement, et le protectionnisme de guerre commerciale dans un environnement de renouveau du nationalisme. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine en est l’exemple le plus fort, sans être pour autant unique. L’instauration par la Chine d’un visa d’exportation[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias
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