- 1. États-Unis : une dynamique de croissance fortement poussée par l’État
- 2. Europe : des gouvernements faibles face au décrochage économique
- 3. Japon : une croissance faible malgré un relâchement des salaires
- 4. Chine : une fébrilité politique face aux tendances déflationnistes
- 5. Russie : Les bénéfices de l’économie de guerre
- 6. Inde : croissance exceptionnelle et bilan social désastreux
- 7. Brésil : de bons résultats économiques dans un environnement défavorable
- 8. Argentine : austérité et dérégulation
- 9. Afrique subsaharienne : une croissance entravée
ÉCONOMIE MONDIALE 2024 : croissance faible, désinflation et fragmentation accrue
Article modifié le
Inde : croissance exceptionnelle et bilan social désastreux
Les élections législatives de juin 2024, au cours desquelles le Premier ministre indien Narendra Modi est reconduit pour un troisième mandat, tout en perdant pour la première fois la majorité au Parlement, ont souligné les faiblesses d’un pouvoir remettant en cause certaines des bases de la démocratie indienne et développant un nationalisme hindou agressif à l’égard des musulmans. Elles ont aussi mis en lumière les limites des « Modinomics », appliqués depuis 2014. Voulant relancer l’économie de son pays, Narendra Modi s’était fixé pour objectif de créer un environnement plus favorable aux entreprises avec, en particulier, un développement intense des infrastructures. Avec un taux de croissance de 7,0 %, nettement supérieur à celui du grand rival asiatique, l’Inde est devenue la cinquième puissance économique mondiale, dépassant son ancienne puissance coloniale.
Mais les choix budgétaires se révèlent lourds en termes de conséquences sociales : diminution de la part des subventions aux ménages (9,9 % du budget contre 11,3 % avant la pandémie de Covid-19), diminution de la part des dépenses en matière d’éducation, de retraite et de santé (9,5 % contre 12,7 % sept ans plus tôt) alors que la part des dépenses d’infrastructures dans le PIB a doublé, passant en cinq ans de 1,6 % à 3,2 %.
En juillet, l’effondrement de plusieurs aéroports tout juste inaugurés, dont un terminal à Dehli, est tout un symbole : les infrastructures ne résistent pas au changement climatique et les défauts de gouvernance éclatent au grand jour. Le capitalisme de connivence a accentué les inégalités. De plus, les priorités de développement du gouvernement – services, mines, énergie, l’industrie restant au deuxième plan – n’entraînent pas un besoin de main-d’œuvre suffisant pour absorber la croissance de la population active (plus de 10 millions par an). Les agriculteurs, affectés par le changement climatique et la hausse des coûts, demandent l’extension des prix planchers.
Parmi les pays du G20, l’Inde affiche le plus faible revenu par habitant (2 085 dollars), compte le plus grand nombre de personnes pauvres vivant de rations alimentaires (800 millions de personnes) et se classe 105e sur 123 pays dans l’indice de la faim dans le monde. En outre, le PIB par habitant est cinq fois moins élevé qu’en Chine, le chômage touche durement les jeunes (plus de 40 % de diplômés sont sans emploi ; plus de 80 % des chômeurs ont moins de 34 ans).
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Écrit par
- Jean-Pierre FAUGÈRE : professeur émérite de sciences économiques, université Paris-Sud
Classification
Médias
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