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ÉCONOMIE SOUTERRAINE

Les manifestations de l'économie souterraine

Les causes de l'économie souterraine sont fonction des modes d'organisation des sociétés. Dans les pays occidentaux, le niveau des prélèvements obligatoires est la variable la plus souvent évoquée. Dans les pays de l'ancien bloc de l'Est, la variable réglementation a le pouvoir explicatif principal. Dans les pays en développement, l'accès à l'informel obéit à une contrainte de survie ou à un désir de performance selon les pays et les époques.

Dans les pays occidentaux

Dans les pays occidentaux, l'économie souterraine se présente en premier lieu comme un moyen d'échapper à l'impôt, aux cotisations sociales ou aux divers règlements. C'est une illustration particulière de l'adage selon lequel « trop d'impôt, tue l'impôt ». Dans cette logique, plus l'écart entre le coût du travail dans les économies officielles et non officielles est grand, plus l'incitation à travailler en marge des règles est importante. La réglementation est également avancée comme frein à l'initiative. Le respect des règles sur le marché du travail entraîne souvent une élévation des coûts, peu adaptée à un marché où la concurrence est vive.

Les très forts taux de chômage dans plusieurs pays européens (Espagne, Italie, Grèce, Chypre...) confèrent une vertu à l'économie souterraine : celle de servir d'amortisseur de crise économique. Procurer un revenu complémentaire à une population sans emploi transite par les réseaux publics d'aide sociale et/ou par la solidarité familiale. Les ressources ainsi dégagées en période de restrictions budgétaires, tant publiques que privées, ne permettent pas de maintenir dans la durée un revenu décent, d'où le recours à l'économie cachée comme substitut de l'économie officielle. Certes, des firmes peuvent considérer comme des effets d'aubaine la présence d'une main-d'œuvre disponible par nécessité de survie. Certes, les ressources ainsi dégagées échappent à la fiscalité et aux charges sociales. Mais elles ont peut-être aussi le mérite de procurer un revenu complémentaire à une population qui, sans cela, devrait percevoir des revenus de substitution ; ceux-ci ne pourraient être financés que par une majoration des taux d'impôt et de cotisations sociales encore plus désincitative pour l'emploi officiel.

La sous-traitance est une autre facette de l'informalité, qui mérite un traitement spécifique. Certaines firmes, soucieuses de ne pas subir les effets de conjoncture, préfèrent nouer des relations de sous-traitance plutôt que d'embaucher. Ainsi, en cas de récession, elles n'ont pas à licencier, et peuvent se contenter d'interrompre leurs contrats de fournitures. La firme sous-traitante peut à son tour se protéger des fluctuations en ayant elle-même recours à des sous-traitants et ainsi de suite. Les salaires de l'entreprise du « centre » sont ainsi rendus stables, au détriment de ceux de la « périphérie », derniers maillons de la chaîne, qui subissent tous les aléas. Cette main-d'œuvre exploitée en raison de sa vulnérabilité est parfois localisée à l'étranger, reproduisant ainsi le modèle centre-périphérie entre pays développés et pays en développement.

Quel que soit le pays étudié, certains secteurs sont moins propices que d'autres aux activités souterraines. Les industries situées en amont du processus productif se prêtent mal à l'informalité car les coûts d'entrée y sont considérables et parce que leurs clients sont des entreprises de transformation qui achètent des matières premières ou des produits intermédiaires sur lesquels la T.V.A. est récupérée. La propension à frauder y est faible.

À l'inverse, les secteurs comme les activités domestiques ou les services[...]

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