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ÉCONOMIE (Définition et nature) Objets et méthodes

La connaissance économique

Une première science économique s'est élaborée tout au long du xixe siècle et au début du xxe. On peut la caractériser par son objet et par ses méthodes.

L'objet de la connaissance économique

Trois thèmes définissent l'objet de la connaissance économique : les richesses matérielles, l'échange, les choix.

La science des richesses

L'ouvrage d' Adam Smith, La Richesse des nations, suggère une première définition de l'objet de la connaissance économique. Pourquoi n'y aurait-il pas, en effet, une science des richesses, comme il y a une science de la lumière, des astres ou des végétaux ? La difficulté est de savoir ce qu'est une richesse. Des biens matériels d'abord, mais aussi des services nécessaires à l'existence, voire au bien-être (welfare). Déjà, on prend conscience qu'est richesse ce qui satisfait un besoin, cette fonction de satisfaction définissant l' utilité, notion clef du langage économique. Mais tandis qu'une longueur ou un poids ont une réalité objective, il n'y a pas d'utilité en soi, pas de valeur absolue. La notion de richesse est relative et subjective. Elle ne peut suffire à constituer une science.

La science des échanges

La valeur des biens et services n'existant pas en soi, elle ne se connaît qu'à travers l'échange. Ce qui est économique, c'est précisément ce qui est capable d'échange (d'où le nom sibyllin, parfois donné à cette science, de « catallactique »). L'acte économique se révèle comme tel seulement lorsqu'il y a passage, déplacement des biens entre les hommes. Il est social par essence. Et comme le transfert le plus élémentaire qui soit suppose deux sujets en présence, l'acte économique est un acte dichotomique. Il y a toujours la main qui reçoit et la main qui donne : une entrée et une sortie, un débit et un crédit. La comptabilité en partie double exprime bien cette « économicité ». De la sorte, un acte gratuit ne rentre pas dans la sphère de la science économique, mais il reste à savoir si un acte aujourd'hui gratuit ne donnera pas lieu, dans un avenir plus ou moins éloigné, à une contrepartie. C'est le problème soulevé par l'économie de don (François Perroux).

Le résultat d'un échange se traduit par un prix, c'est-à-dire un rapport des quantités transférées d'un sujet à un autre, que ce prix s'exprime en nature (prix relatif, le prix du blé en avoine par exemple) ou en monnaie (prix absolu, le prix du blé en francs). On conçoit ainsi que la science des échanges se ramènera à une science des prix. Est économique tout ce qui peut se traduire par un prix.

Mais pour savoir comment se forme le prix, il faut aller plus au fond du problème. Un troisième thème de recherche apparaît.

La science des choix efficaces et opportuns

Une idée majeure préside à la naissance du problème économique : celle de limitation ou mieux encore d'inadaptation. L'homme porte en soi un besoin d'infini, et il bute constamment sur le fini de la création. Cette antithèse se traduit d'abord dans l'idée de rareté. Les besoins apparaissent comme innombrables, et les moyens pour les satisfaire sont limités. Il peut arriver aussi que les moyens soient suffisants, parfois même trop nombreux. Alors une autre notion intervient, celle d'inadaptation. Les biens ne sont pas forcément là où il en est besoin ni quand il en est besoin. Il faut les produire s'ils sont insuffisants, les réduire s'ils sont trop abondants. Il est nécessaire aussi d'en accélérer ou d'en retarder l'arrivée. L'acte économique apparaît alors comme l'acte d'adaptation par excellence. De toute manière, avoir une attitude économique, c'est savoir choisir, et d'abord la fin à réaliser de préférence à une autre. Une fois celle-ci choisie, on doit décider du moyen[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences morales et politiques, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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