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ÉCONOMIE (Définition et nature) Objets et méthodes

La science économique pure

La théorie

La pureté qui est ici en cause, c'est la rationalité, l'essence des choses étudiées. On a déjà évoqué Léon Walras, l'auteur des Éléments d'économie pure (1871) ; il eut, après Cournot (1838), l'intuition que le langage mathématique était, par sa rigueur, apte à exprimer le problème économique. Ce point de vue fut amélioré encore par le successeur de Walras à l'université de Lausanne, l'Italien Vilfredo Pareto. Depuis lors, de nombreux économistes n'ont cessé de participer à la construction de cette économie pure, ou rationnelle. Il suffit de citer, au point actuel de l'évolution, les plus célèbres : Paul A. Samuelson aux États-Unis, John R. Hicks en Grande-Bretagne, Maurice Allais et Gérard Debreu en France.

Ce type de connaissance économique prend pour modèle les sciences de la nature inanimée, dont il utilise les outils d'analyse et même le langage. Puisque l'acte économique le plus parfait a comme vocation l'efficacité la plus grande possible, on conçoit qu'un calcul soit fait pour rendre maximal l'avantage recherché et minimal, le coût. On exprime l'utilité et le coût par des fonctions de variables à prédéterminer ; la mathématique dit pour quelle valeur de la variable la fonction est maximale ou minimale. Le choix le plus efficace est du domaine du calcul différentiel ou du calcul à la marge (marginal). On formalise par des équations appropriées l'attitude du producteur, celle du consommateur. On fait la théorie de leur rencontre (théorie des marchés et des prix). C'est là le fondement de l'analyse dite micro-économique, pensée au niveau du sujet individuel.

Ce que l'on établit pour un seul sujet, on le généralise à un ensemble de n sujets échangeant entre eux m marchandises. La grande découverte de Walras est d'avoir exprimé toutes ces relations solidaires entre toutes les offres, toutes les demandes et les prix afférents à chacune, à travers tous les marchés pensables (des biens, des services, des facteurs de production, de la monnaie) par des équations simultanées où le nombre des équations est égal au nombre des inconnues. C'est le concept de l'équilibre général.

Statique et dynamique

Puisque la science économique se construit à l'image des sciences dites exactes (c'est-à-dire emploie la méthode mathématique), il n'est pas étonnant de voir mise en première place l'idée d'équilibre. La perfection d'un système est d'être en équilibre, de réaliser une égalité entre les prétentions opposées des participants au marché. S'introduisent alors les expressions mêmes de la mécanique rationnelle, celles de statique et de dynamique qu'Auguste Comte avait élaborées pour la vie sociale en général. Dans la statique économique, on recherche, compte tenu des données de départ, les conditions d'un équilibre (en prix et en quantités) à un instant donné, c'est-à-dire le temps supposé arrêté. Dans la dynamique économique, on pense cet équilibre à travers le temps ; plus précisément, on essaie de caractériser les forces (dunamis) qui entretiennent ou détruisent un équilibre de départ, de période en période.

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences morales et politiques, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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