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ÉCONOMIE (Définition et nature) Objets et méthodes

La science économique positive

À la place de « science économique positive », on pourrait aussi bien dire « science expérimentale » ou « science d'observation ». Elle a commencé au xixe siècle par l'histoire descriptive. L'économie raconte ce qui se passe en tel pays, à tel moment. C'est la méthode des récits, des monographies, c'est celle qui retient les faits comme des maîtres. Méthode facile, à la portée de tous, très séduisante d'apparence. Elle a ses limites : la valeur de la description dépend de la valeur de celui qui décrit. Chacun a sa manière de dire la vérité. La description peut révéler un changement perpétuel ; comment dégager alors le « général » que la science a pour fonction de découvrir ? Il faut se méfier de la tentation de l'extrapolation.

Cinématique et conjoncture

Il y a une attitude scientifique intermédiaire entre la statique et la dynamique ; c'est la cinématique. On appelle ainsi, en mécanique, l'étude des mouvements, abstraction faite des forces qui les engendrent. Sans doute peut-on concevoir une cinématique économique abstraite dans un temps que se donne l'esprit. C'était par exemple le circuit imaginé par les physiocrates dans le fameux tableau économique de Quesnay. On envisage ici une cinématique économique concrète, réelle : la mise en forme des mouvements historiques de telle ou telle économie. Cette cinématique manifeste ce qu'on appelle aussi la conjoncture. Sans doute, sous ce terme riche de sens divers, pense-t-on d'abord à la prévision des mouvements futurs, à la manière dont seront conjointes les diverses variables de l'économie ; mais, pour anticiper, il faut connaître avec exactitude l'intensité, les vitesses des divers mouvements qui composent la réalité d'aujourd'hui, issue elle-même de celle d'hier. C'est l'objet propre de la cinématique économique. On essaie alors de dégager d'un mouvement brut les divers éléments dont il se compose. Ceux-ci seront distingués selon le temps qu'ils mettent à apparaître et à disparaître. L'analyse découpe le temps en parties : courtes, c'est-à-dire inférieures à l'année, c'est la composante saisonnière ; moyennes, c'est-à-dire comprenant quelques années, c'est la composante cyclique ; ou longues, c'est-à-dire de plusieurs décennies, c'est la composante séculaire.

Analyse statistique

N'est-ce pas par la statistique que se constitue la véritable science économique positive ? C'est d'abord dans l'espace, en un instant donné, que s'étudie la distribution statistique d'un ensemble à travers ses parties (une population selon les âges) et que les méthodes statistiques se sont formées. Le statisticien collecte les faits, il les ordonne : il met en liaison les unes avec les autres les séries statistiques. Un indice, dit de corrélation linéaire, permet de savoir si la liaison entre deux ou plusieurs séries s'approche ou s'éloigne de l'idéal fonctionnel. Le traitement statistique donne ainsi aux faits une forme scientifique ; certains pensent même qu'il les engendre : le « fait » est le résultat du « faire » du statisticien, qui fait surgir du rapprochement de plusieurs faits l'ébauche de ce que nous appelions des lois. Si cela était, ne pourrait-on voir là une réconciliation entre l'attitude rationnelle et l'attitude empirique ?

Constructions économétriques

De l'analyse statistique, il faut rapprocher la construction économétrique. L'économétrie n'est-elle pas un autre nom donné à la statistique économique ? La statistique n'est-elle pas déjà une méthode de mesure ? À la vérité, il s'agit de construction économétrique. La statistique est ancienne. L'économétrie est relativement récente[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences morales et politiques, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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