ÉCOSSE
La civilisation écossaise médiévale
Le bruit des armes se tait assez souvent pour autoriser la construction d'un système politique original, garantir les progrès de l'esprit et la diffusion de la culture, conduire aux espérances suprêmes d'une religion sans cesse plus pure et déboucher ainsi sur les grandes réformes du xvie siècle.
L'État écossais connaît une forme d'institution parlementaire : dérivé d'une Haute Cour de justice, le Parlement, doté de pouvoirs politiques, a émergé à la fin du xive siècle, à partir des règnes de Robert II Stuart et surtout, après 1424, de Jacques Ier. Il comporte une seule chambre de trois « États » : l'aristocratie, la petite noblesse et les députés des bourgs royaux (représentés dès 1326 lors de la convocation d'une Assemblée nationale) ; le vote par tête et les besoins d'argent de la Couronne favorisent le développement du pouvoir législatif et, à partir du milieu du xve siècle, les sessions sont relativement régulières ; les Lords of the Articles (jusqu'en 1690) constituent, au cours des intersessions, une commission élue par le Parlement pour suivre la mise en œuvre de la législation et préparer le travail ultérieur des États. L'État monarchique lui-même est efficace lorsque le souverain réussit à surmonter les inconvénients d'une minorité ou d'une régence et à s'imposer aux grands seigneurs et aux clans : dans les Highlands en particulier, le système du clan prévaut, les chefs sont censés être par droit du sang les dirigeants incontestés de leurs « enfants », et, patriarcal dans son essence, le système procure à ses bénéficiaires des soutiens d'une loyauté totale.
Les membres d'un clan ont l'orgueil de leur « famille », et les Cameron, MacDonald, MacLeod ou Mackenzie, parmi d'autres, conduisent parfois des politiques fort éloignées de l'intérêt national ; c'est en vain que Jacques IV, à la fin du xve siècle, essaye de substituer un système féodal à celui des traditionnelles chefferies. La malchance de l'Écosse est, après la mort de Robert Bruce en 1329, d'avoir eu des rois ayant subi une longue captivité chez les Anglais (vingt-neuf années au total pour David II et Jacques Ier), d'autres incompétents, et, à partir de l'assassinat de Jacques Ier en 1437, de voir se succéder, pendant près de deux cents ans, des minorités royales, le cas extrême étant celui de Marie, devenue reine en 1542 à l'âge de onze semaines ! Les régences ont alors des périodes de relance de la féodalité, les officiers royaux ont patrimonialisé leurs offices et le clientélisme généralisé a affaibli le royaume autant que l'institution monarchique.
La société est, comme partout, dominée par les propriétaires du sol. Les ravages des guerres, la forte mortalité liée à la Peste noire au milieu du xive siècle, et aussi la force des liens d'homme à homme ont écarté les risques de conflits de classe, en particulier en facilitant la naissance d'une paysannerie de tenanciers libres dans les Lowlands ; les lords, freinés dans leurs usurpations et réformes agraires par la crainte des réactions des paysans, sont des guerriers et des rentiers et ne provoquent pas les conflits des enclosures si fréquents dès la fin du Moyen Âge dans l'Angleterre voisine.
Les bourgs royaux ont connu une fortune singulière, jaloux de leurs chartes de franchises, capables de les défendre grâce à l'organisation de milices en général bien entraînées et respectées. Même si se développent des patriciats urbains, les libertés des individus et des corporations sont préservées. Un commerce au loin en mer du Nord et en Baltique, comme en direction de Bordeaux ou de l'Espagne, enrichit des ports actifs, comme Glasgow ou Aberdeen. Édimbourg, où les Stuarts installent leur capitale,[...]
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Écrit par
- Edwige CAMP-PIETRAIN : professeure des Universités, université polytechnique des Hauts-de-France
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Médias
Autres références
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