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ÉCOSSE

Les remises en cause de l'Union

La naissance du nationalisme politique écossais 

À partir de 1918, l'Écosse subit le déclin des grandes industries qui ont fait son renom, du charbonnage aux chantiers navals. Le taux de chômage augmentant, elle bénéficie des programmes d'aide aux régions défavorisées mis en place par Londres dès les années 1930.

À cette époque, un Parti national écossais (Scottish National Party, S.N.P.) voit le jour, né de la fusion de mouvements et de petits partis nationalistes. Il a pour objectif la restauration de la souveraineté écossaise par la voie des urnes. Il fait son entrée à la Chambre des communes lors de deux élections partielles, en 1945 (brièvement), puis en 1967 et, surtout, lors des élections d'octobre 1974, avec 30 p. 100 des suffrages et 11 des 71 députés écossais. Cette percée résulte de la structuration de l'organisation et du programme du parti, dont l'axe économique se trouve conforté par la découverte de pétrole et de gaz en mer du Nord, au large des côtes écossaises.

Le gouvernement travailliste de Harold Wilson renforce sa politique régionale, en instaurant en 1975 une Scottish Development Agency (S.D.A.) chargée d'attirer les investisseurs, comme le Highland and Island Development Board créé dix ans plus tôt. Cette réponse économique s'avérant insuffisante, il envisage, en se fondant sur le rapport Kilbrandon (rendu en 1973), une dévolution législative, sous la forme d'une assemblée gérant les affaires internes. Mais certains des députés travaillistes, réticents, craignent d'amoindrir la capacité redistributrice de l'État central. Ils imposent un référendum à l'issue du vote de la loi, ainsi qu'un seuil d'approbation de 40 p. 100 de l'électorat. Le 1er mars 1979, si 51,6 p. 100 des Écossais souscrivent à la dévolution, ils ne représentent que 32,9 p. 100 des inscrits.

Dans les années qui suivent, la donne change. La majorité de la population écossaise est en désaccord avec les politiques néolibérales du gouvernement de Margaret Thatcher, même si ce dernier maintient la S.D.A. qui, transformée en Scottish Enterprise, séduit les sociétés dans le secteur des nouvelles technologies. En 1987, à la veille de l'introduction de la polltax, impôt par capitation jugé inique, les conservateurs ne détiennent que 10 des 72 sièges écossais à la Chambre des communes. Le Parti travailliste, majoritaire, instaure, avec les élus libéraux-démocrates et des représentants de la société civile (tel le S.T.U.C.), une Convention constitutionnelle afin de concevoir un projet de dévolution. En juillet 1997, le gouvernement travailliste de Tony Blair publie un Livre blanc fondé sur ces travaux. Lors du référendum du 11 septembre suivant, 74,3 p. 100 des Écossais plébiscitent la création d'un Parlement écossais. Le Scotland Act est adopté en 1998 par le Parlement de Westminster.

La dévolution, une réelle autonomie pour l'Écosse

Le Parlement et l'exécutif écossais, mis en place en 1999, gèrent notamment la santé, l'éducation, le logement, l'agriculture, la pêche, le développement économique, la police et la justice. Le Parlement écossais vote librement des lois, le gouvernement britannique se contentant de vérifier qu'elles n'empiètent pas sur les domaines qui lui sont réservés. La dévolution ayant été définie comme un moyen d'échapper aux politiques néolibérales, les députés écossais restaurent, de manière consensuelle, la social-démocratie, en particulier le caractère réel des services publics, ainsi que la gratuité de certains d'entre eux, tels les droits universitaires, les frais supportés par les personnes âgées dépendantes, ou le ticket modérateur sur les médicaments. Sur le plan économique, l'Écosse rattrape la moyenne britannique, selon divers indicateurs (croissance, chômage…).[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités, université polytechnique des Hauts-de-France
  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Médias

Royaume-Uni : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Royaume-Uni : carte administrative

Château d’Eilean Donan, Écosse - crédits : Stocker1970/ Shutterstock

Château d’Eilean Donan, Écosse

Château d'Édimbourg - crédits : Marcus Brooke/ The Image Bank/ Getty Images

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