ÉCOTAXE
Les problèmes récurrents de l'écotaxe
Malgré l'ancienneté de ces dispositifs, peu de pays peuvent se targuer aujourd'hui d'avoir un système d'écotaxes véritablement performant. La France en est bien loin : sa fiscalité environnementale est très en retrait comparée à celle des autres pays de l’O.C.D.E..
Le plus souvent, c'est la nécessité de trouver de nouvelles recettes budgétaires qui a été le facteur déterminant de l'instauration d'écotaxes et du calcul de leur montant. Un faible taux d'imposition avec une assiette la plus large possible garantissent des rentrées fiscales importantes, mais annihilent, par là même, l'aspect incitatif de l'écotaxe.
Un autre problème, qui prolonge le point précédent, réside dans l'acceptabilité sociale des écotaxes. On a vu en 2013 et 2014, en Bretagne, des groupes de manifestants s'attaquer à des portiques installés sur le réseau routier pour recueillir des données en vue de taxer les poids lourds. Ces mouvements spectaculaires, qui ont assurément d'autres raisons que la simple opposition à la fiscalité environnementale, ne sont qu'un avatar d'une opposition plus profonde qui, régulièrement, se manifeste à l'occasion des débats relatifs à la justification et aux modalités d'instauration de taxes et de redevances environnementales. On peut citer les nombreux recours contre les redevances dans le domaine de l'eau, l'opposition du patronat français au projet d'une taxe carbone au début des années 1990, la censure de la contribution carbone par le Conseil constitutionnel en 2010, etc. Il faut y voir une opposition à l'intervention des pouvoirs publics dans le domaine économique – un point de vue défendu par les économistes libéraux –, qui se double d'une opposition à ce que celui-ci intervienne spécifiquement dans le domaine de la protection de l'environnement. Cela illustre la faiblesse du portage politique des questions environnementales en France depuis le début des années 1970 et de ce qu'on désigne comme la problématique du développement durable, depuis les années 1990.
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Écrit par
- Franck-Dominique VIVIEN : maître de conférences en sciences économiques
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Médias
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