ÉCRITS ET PROPOS SUR L'ART, Henri Matisse Fiche de lecture
Un combat pour la couleur
Matisse apprécie particulièrement les écrits d'artiste liés au dialogue et à la discussion : les correspondances, mais surtout les entretiens, notamment avec l'éditeur Tériade, constituent la trame de ses réflexions sur la lumière et la couleur. Dans un texte intitulé « Le Tour du monde d'Henri Matisse », publié dans L'Intransigeant en octobre 1930, le peintre évoque de manière magistrale les gradations de teintes des buildings qui se détachent dans le ciel de l'été indien : « C'est une lumière très pure, immatérielle, une lumière de cristal, contrairement à celle de l'Océanie qui est pulpeuse, moelleuse comme celle de la Touraine et qui semble caresser les choses. » C'est donc par des moyens plastiques que Matisse perçoit la lumière nette, précise et limpide de New York qui lui apparaît comme « une pépite d'or ». Cette sensibilité à la lumière colorée se double d'une défense de la couleur, une libération, qui incarne souvent dans l'histoire de l'art un combat pour la modernité face au dessin. Matisse va poursuivre ce combat toute sa vie.
Pendant la période fauve, déjà, toutes les couleurs étaient exaltées « sans en sacrifier aucune ». Dans l'immédiat après-guerre, il prend part aux débats sur la couleur pour en défendre le rôle et les modalités : ainsi, en décembre 1946, dans Derrière le miroir, il affirme : « Le noir est une couleur. » Si son œuvre révèle parfois un conflit entre le dessin et la couleur il considère pourtant, dans ses déclarations publiques, qu'il est impossible de les séparer l'un de l'autre.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marianne JAKOBI : chercheur au C.N.R.S., centre André-Chastel
Classification