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ÉCRITS SUR L'ART MODERNE, Louis Aragon Fiche de lecture

Le réalisme contre l'avant-garde abstraite

Une seconde période de la critique d'art d'Aragon s'ouvre en 1937 avec « Réalisme socialiste et réalisme français », texte d'une conférence publiée l'année suivante dans la revue Europe. L'œuvre d'art, qui résulte de la lutte entre des éléments contradictoires, est alors considérée comme indissociable de l'unité culturelle nationale et s'inscrit dans une dimension historique. Le réalisme artistique s'oppose à l'exotisme qui empêche de voir le réel et ne sait arracher l'objet à son anonymat quotidien. L'engagement dans la valorisation du réalisme national conduit parfois l'écrivain à négliger les qualités artistiques de l'œuvre. La Préface d'une exposition consacrée aux dessins d'André Fougeron, en 1947, est révélatrice de cette tendance à oublier la particularité des œuvres au profit d'un éloge de l'art figuratif conforme aux critères du parti. Souvent la dichotomie entre réalisme et avant-garde abstraite l'emporte sur toute autre considération et néglige la peinture elle-même. En 1953, lors du scandale provoqué par la publication dans les Lettres françaises d'un portrait de Staline par Picasso, Aragon clame que l'enjeu dépasse la manière de peindre de Picasso. La véritable question est, selon lui, que les œuvres « soient imprégnées des luttes, des espoirs, des certitudes en la victoire de la classe ouvrière ».

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