ÉCRITURE (notions de base)
La calligraphie
L’ art de la « belle écriture » est l’expression de la plus haute culture. La vertu d’un lettré s’exprime dans une calligraphie indissociable de l’histoire du livre et de l’enluminure en Occident chrétien (Bible) et en Orient musulman (Coran). En Chine, la calligraphie reste la marque fondamentale du véritable lettré, de « l’homme de bien ».
La calligraphie chinoise
Apanage de l’élite intellectuelle et sociale des lettrés fonctionnaires, la calligraphie est en Chine l’art majeur. Après la normalisation des sinogrammes par Li Si, ministre du « premier auguste empereur » Qin Shi Huangdi, les deux formes standards – « écriture de chancellerie » (隶书 lishu) et « petite sigillaire » (小篆 xiaozhuan) – sont la source des styles postérieurs développés à partir de la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.) : « écriture régulière » ( 楷书 kaishu), « écriture courante » ou « semi-cursive » (行书 xingshu) et cursive « écriture d’herbe » (草书 caoshu) dont l’exacerbation formelle donne naissance, sous la dynastie des Tang (618-907), à la « cursive folle » (狂草 kuangcao).
Au viie siècle de notre ère, les styles sont ainsi fixés. Le même pinceau courant sur la soie ou le papier crée poésie, calligraphie et peinture. La personnalité profonde du lettré s’exprime par les multiples inflexions du pinceau et de l’encre, qui donnent sa qualité au trait, à la structure des caractères et à leur ordonnancement.
Tout l’art du lettré consiste à dépasser les règles rigoureuses de la calligraphie pour atteindre le « naturel » (自然 ziran), la catégorie suprême de l’esthétique chinoise. La calligraphie impose à la peinture ses critères techniques et esthétiques en développant un fructueux dialogue entre image poétique et poésie de l’image dans des compositions inspirées où poésie, peinture et gravure de sceaux ne font qu’un.
La calligraphie occidentale
L’histoire de la calligraphie occidentale trouve son origine dans les écritures romaines antiques. Aux iie au iiie siècles s’inventent, au côté de la « capitale monumentale », la « nouvelle écriture commune » – écriture cursive inclinée vers la droite et fréquemment ligaturée – et « l’onciale », aux signes indépendants avec un tracé à angle presque droit, dont les gras sont réservés aux traits verticaux et les maigres aux horizontaux. Du ve au viiie siècle est mise au point dans les scriptoria médiévaux la « minuscule caroline », une écriture régulière et ronde avec de rares ligatures ménageant des espaces entre les mots.
L’écriture gothique des xiie et xiiie siècles se caractérise par des traits verticaux et horizontaux plus épais, des courbes maigres ou remplacées par des angles aigus. Ces brisures caractérisent les formes du xive siècle sous le nom de « fractura ».
L’écriture dite « humanistique », cursive dérivée de la caroline aux lettres ligaturées et inclinées vers la droite, apparaît pendant la Renaissance italienne, au xve siècle. Les premières polices de caractères d’imprimerie sont issues de ces écritures médiévales. La calligraphie occidentale reste attachée au critère de lisibilité.
La calligraphie arabe
Fondée sur la diffusion du Coran, la calligraphie arabe est vénérée dans tout le monde musulman. Avec les copies du Livre ont fleuri de nombreux styles aux variantes multiples. La calligraphie arabe ne se limite pas au papier, elle orne aussi les mosquées. En 638, la ville de Koufa donne son nom au style angulaire « coufique » des premiers corans. Au xe siècle, une cursive fine et régulière, le naskhi (« copier ») le remplacera dans ce rôle.
Le coufique appliqué aux architectures s’adapte à toutes les sensibilités esthétiques, de l’Espagne à la Chine. Il peut être fleuri, tressé ou géométrique. Ce style épouse toutes[...]
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