ÉCU D'OR
Première monnaie d'or frappée en France par Saint Louis, après plusieurs siècles d'interruption de la frappe de ce métal, l'écu eut un succès énorme, et, repris, modifié, altéré, fut la monnaie d'or nationale la plus courante jusqu'au xviie siècle. La reprise de la frappe de l'or s'explique par le renouveau des échanges commerciaux, et par l'afflux de ce métal en Europe, une des conséquences des croisades. D'autre part, la frappe de l'or, dont les souverains de France faisaient un privilège royal, était un moyen d'unifier la monnaie, et d'affirmer la prépondérance de la couronne de France. La monnaie royale devait être plus forte et de meilleur aloi que les monnaies féodales.
L'écu d'or de Saint Louis doit son nom à l'écu semé de fleurs de lis que l'on voit sur le droit, dans une rosace, avec en légende circulaire : LUDOVICS : DEI : GRACIA : FRANCOR REX ; au revers figure une croix feuillue, contournée de quatre fleurs de lis, avec en légende circulaire XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT. Cette pièce était d'or pur, à 24 carats, taillée à raison de 58 au marc : elle devait donc peser 4,21 g.
Le type monétaire à l'écu fut un temps abandonné par les successeurs de Saint Louis. Si l'on conserve, au revers, la croix feuillue, on trouve d'autres figurations au droit de ces pièces : tantôt pour l'agnel d'or, un agneau pascal nimbé ; pour le petit royal, le roi couronné, debout, tenant un sceptre ; pour la masse d'or, le roi assis sur un trône décoré de têtes de lion et tenant une fleur de lis et un sceptre (la masse). Le poids de ces pièces, la quantité de métal fin qu'elles contiennent ne sont guère inférieurs à ceux des pièces de Saint Louis : si Philippe IV fut un roi « faux-monnayeur », ce fut moins en altérant la qualité des pièces qu'en instaurant un cours forcé des espèces, élevé et rabaissé sans discontinuer et sans tenir compte des transactions en cours.
L'écu d'or réapparut sous Philippe VI de Valois, après plusieurs autres tentatives monétaires destinées à affirmer la personnalité de la nouvelle dynastie. En janvier 1337, on a substitué au parisis d'or (taillé à 34 3/5 au marc, et ayant cours pour 1 livre 5 sous) des deniers à l'écu d'or fin, à la taille de 54 au marc et valant 1 livre.
Le type de cette monnaie était sensiblement différent de celui de l'écu de Saint Louis. Au droit, elle porte le roi, assis sur un siège gothique, tenant une épée de la main droite, la gauche appuyée sur l'écu de France ; au revers, une croix feuillue dans une rosace quadrilobée cantonnée de quatre trèfles.
L'écu, ainsi que treize autres monnaies d'or, fut décrié en 1346, remplacé par le denier d'or à la chaise (52 au marc, valant 1 livre). Cette pièce fut à son tour remplacée, en janvier 1348, par un nouvel écu, qui n'avait plus que 23 carats d'or fin, à 54 au marc, et valait 18 sous 9 deniers. Au cours de l'année 1348, le titre de cet écu fut successivement abaissé à 22 carats 3/4, 22 et 21 carats, cependant que son cours était maintenu à 1 livre, 1 livre 5 sous, pour revenir finalement en 1850 à 18 sous 9 deniers.
Le même désordre monétaire se poursuit sous le règne de Jean le Bon, avec affaiblissement du titre des monnaies et maintien de leur cours, et refonte périodique des espèces. L'écu n'est qu'un des types monétaires employés. On ne frappa pas d'écu sous le règne de Charles V, mais sous celui de Charles VI apparaît un nouveau type, l'écu à la couronne : l'écu aux trois fleurs de lis y est timbré d'une couronne royale. L'écu à la couronne fut créé le 11 mars 1384, d'or fin, de 60 au marc, ayant cours pour 22 sous 6 deniers tournois.[...]
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Écrit par
- Jean DÉRENS : archiviste-paléographe, bibliothécaire à la bibliothèque historique de la Ville de Paris
Classification
Autres références
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LOUIS, monnaie
- Écrit par Jean DÉRENS
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