MERCKX EDDY (1945- )
Les exploits du « Cannibale »
Gagner le Tour de France devient donc l'objectif numéro un d'Eddy Merckx en 1969 – ce qui ne l'empêche pas de s'adjuger Paris-Nice, Milan-San Remo, le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège en début d'année. Merckx participe également au Giro. Il se dirige vers un second succès lorsqu'un coup de tonnerre retentit : il a été contrôlé positif à l'issue de l'étape arrivant à Savone ; il se voit mis hors course pour dopage et suspendu un mois. Merckx clamera toujours son innocence, se sentant victime d'une manœuvre des Italiens, désireux de favoriser la victoire de Felice Gimondi. De fait, la Fédération internationale de cyclisme professionnel lève, au bénéfice du doute, sa suspension, ce qui autorise Eddy Merckx à s'aligner au départ du Tour de France.
C'est lors de cette édition de la Grande Boucle qu'il va devenir pour tous le « Cannibale ». Dès les premières pentes du ballon d'Alsace, il se porte à l'attaque et, à l'arrivée, relègue les principaux favoris à près de 5 minutes ; il endosse déjà un maillot jaune qu'il ne quittera plus. Il confirme son autorité dans les Alpes comme lors des étapes disputées contre la montre. Au départ de la dernière étape pyrénéenne, Luchon - Mourenx-Ville nouvelle, ses adversaires sont définitivement battus. Néanmoins, Merckx va réaliser un exploit qui marquera durablement toute une génération de champions, lesquels savent désormais qu'ils devront subir son hégémonie des années durant. Il passe en tête au sommet du Tourmalet, afin de consolider sa position de meilleur grimpeur, bascule dans la descente. L'arrivée est située à 130 kilomètres. Eddy Merckx se lance alors dans un incroyable raid solitaire. Son avance ne cesse de croître. Il franchit l'Aubisque avec 7 minutes d'avance, mais doit encore accomplir 50 kilomètres dans la plaine, sous la canicule, pour rallier l'arrivée. Malgré une petite baisse de régime dans les 15 derniers kilomètres, il relègue tous ses concurrents à 8 minutes et plus. Eddy Merckx remporte le Tour de France dès sa première participation. Le deuxième, le Français Roger Pingeon, est à 17 min 54 s, l'écart le plus important depuis la victoire de l'Italien Fausto Coppi en 1952, le troisième, Raymond Poulidor, à plus de 22 minutes, Felice Gimondi, quatrième, à près d'une demi-heure. Seuls douze concurrents ont concédé moins d'une heure. Maillot jaune, maillot vert, classement du meilleur grimpeur, classement par équipes avec ses partenaires de la formation Faema, six victoires d'étape : Eddy Merckx a tout raflé.
Merckx dispute également les épreuves sur piste. Le 9 septembre 1969, lors d'une course derrière Derny à Blois, son entraîneur, Fernand Wambst, chute et Merckx le percute. Wambst décédera, Merckx se relèvera mais, victime d'un traumatisme crânien et d'une lésion au niveau des vertèbres lombaires, il a frôlé la mort. Dès lors, une douleur lancinante dans la jambe gauche le fera souffrir en permanence, ce qui lui fera perdre une partie de ses moyens, en montagne notamment.
Incroyable : c'est donc un champion « diminué » qui va écraser ses adversaires et multiplier les exploits sur tous les terrains durant plus de cinq ans. Lors du Tour de France, ses adversaires ne luttent que pour les accessits. Certains – Joop Zoetemelk, Raymond Poulidor, Felice Gimondi... – briguent une deuxième place qui a pour eux valeur de victoire. D'autres – Lucien Van Impe... – ambitionnent le classement du meilleur grimpeur. Seul le fier Espagnol Luis Ocaña osera, en 1971, défier le Belge. Il l'aurait sans doute battu si une chute dans la descente du col de Mente ne l'avait contraint à l'abandon. Sur le Giro, les Italiens sont toujours dominés. Eddy Merckx ajoute le panache à chacune de ses victoires[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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SPORT (Disciplines) - Le cyclisme
- Écrit par Pierre LAGRUE
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Pour le Tour de France comme pour le cyclisme, l'ère d'Eddy Merckx commence. En 1969, lors de sa première participation à la Grande Boucle, le Belge, qui a déjà course gagnée, se permet, entre Luchon et Mourenx, un exploit qui va marquer toute une génération de champions : il attaque au sommet du Tourmalet...