MERCKX EDDY (1945- )

Une chute brutale

Après avoir réalisé un triplé inédit en 1974 – remporter le Tour, le Giro et le Championnat du monde –, Merckx effectue un début d'année 1975 remarquable : il gagne Milan-San Remo, le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège, l'Amstel Gold Race. Une angine l'empêche de participer au Giro, mais son grand objectif de la saison est le Tour de France : une sixième victoire dans la Grande Boucle lui permettrait de battre le record qu'il partage avec Jacques Anquetil. Dès la sixième étape, il endosse le maillot jaune, mais il semble moins souverain que d'habitude. Il fléchit à 5 kilomètres du sommet du puy de Dôme – il faut préciser qu'un spectateur imbécile lui a asséné un violent coup de poing au foie. Bernard Thévenet s'est rapproché à 58 secondes au classement général. Merckx compte donc asseoir sa victoire dans l'étape suivante : Nice - Pra-Loup. Dans l'avant-dernière ascension de la journée, le col d'Allos, Merckx passe à l'offensive ; il poursuit son effort dans la descente, prenant tous les risques. Au pied de la montée vers Pra-Loup, Eddy Merckx possède une avance d'1 min 10 s sur Bernard Thévenet ; il ne reste que 6 500 mètres pour rallier l'arrivée et la victoire lui semble promise. Mais, à 4 kilomètres du but, Eddy Merckx connaît une défaillance aussi terrible qu'inattendue ; Felice Gimondi le rejoint le premier, puis Thévenet le dépasse. Bernard Thévenet accentue son effort et s'impose. Eddy Merckx concède 1 min 56 s et cède son maillot jaune au Français. Même si son retard au classement général (58 s) n'a rien d'insurmontable, le Belge a compris qu'il vient de perdre le Tour.

Ce jour marque la fin du « merckxisme ». Le Belge remportera encore Milan-San Remo en 1976, quelques succès mineurs en 1977. Sa collaboration avec Molteni avait cessé à la fin de 1976. Fiat avait pris le relais pour un an, mais ne lui renouvelle pas sa confiance à la fin de 1977. Merckx passe l'hiver 1977-1978 à chercher un sponsor. C&A sera celui-ci, mais le ressort est cassé. Le 18 mai 1978, Merckx doit se résoudre à annoncer qu'il se retire. « En mettant un terme à ma carrière, j'ai éprouvé la sensation de m'arracher à moi-même », déclarera-t-il.