EDEN sir ROBERT ANTHONY (1897-1977)
Devenu le premier comte d'Avon en 1961, Anthony Eden a marqué l'histoire de son temps par un rôle politique majeur à la tête de la diplomatie, puis des affaires de l'État britannique. Membre du Parti conservateur, sa première consécration gouvernementale lui vient en 1935 : Baldwin démontre alors sa volonté de favoriser les jeunes talents en lui confiant un « ministère sans portefeuille pour les affaires de la Société des Nations ». La crise éthiopienne et l'indignation suscitée par la politique d'apaisement de Samuel Hoare font attribuer à Eden sa place à la tête du Foreign Office. Maintenu à son poste par Neville Chamberlain, il se fait le champion de la fermeté à l'égard des dictatures. Espérant la paix d'une rentrée des États-Unis dans le concert international, il démissionne en février 1938, son Premier ministre, Neville Chamberlain, ayant négligé l'offre de Franklin Roosevelt de réunir une conférence internationale et surtout cherché une réconciliation avec l'Italie au prix de la reconnaissance du fait accompli en Éthiopie ; la temporisation du gouvernement dans la guerre civile espagnole ne l'a pas moins choqué. Rejoignant Winston Churchill dans le camp de la fraction conservatrice des « durs », Eden critique vivement les accords de Munich. Après la déclaration de guerre, il accepte dans le cabinet Chamberlain le poste de secrétaire d'État aux Dominions. En décembre 1940, Churchill lui rend son poste de ministre des Affaires étrangères et l'introduit dans l'étroit cabinet de guerre. Il participe désormais à toutes les grandes décisions des Alliés et assiste efficacement son chef de file. Sa double expérience des relations avec les dominions et avec le grand allié américain le marquera durablement ; il prétendra toujours fonder la politique internationale de la Grande-Bretagne sur la recherche d'une coordination avec le Commonwealth et de liens privilégiés avec les États-Unis. Rentré dans l'ombre le temps de l'expérience travailliste, il revient au pouvoir lors de la victoire conservatrice de 1951 et se voit confier de nouveau la politique étrangère. Épousant les grands principes de son prédécesseur Ernest Bevin, il leur donne une formulation plus séduisante par sa théorie des « trois cercles », également chère à Churchill : la Grande-Bretagne aurait un rôle spécifique à jouer dans le monde parce qu'elle se trouverait au centre des cercles atlantique, européen et du Commonwealth. Tout en encourageant la construction de l'Europe et aussi le réarmement de l'Allemagne, l'Angleterre ne devait en aucun cas risquer de perdre une partie de sa souveraineté. Entre 1951 et 1955, Eden est un ministre fort brillant : il copréside la Conférence de Genève (1954), qui met fin à la première guerre d'Indochine, et sait trouver rapidement une solution de rechange après l'échec de la Communauté européenne de défense ; en particulier, il persuade Churchill d'accepter un engagement permanent de forces britanniques en Europe et leur stationnement en Allemagne, ainsi que la participation du Royaume-Uni à l'Union de l'Europe occidentale (1955). Ses qualités ainsi mises en relief, il voit grandir sa stature dans un parti qui admire sa fermeté, son intelligence, son élégance et dont les militants les plus hardis savent trouver en lui un esprit ouvert au changement. La retraite de Winston Churchill en 1955 lui ouvre aisément la direction des affaires du pays, et les électeurs lui confirmeront leur confiance la même année. Ayant engagé la Grande-Bretagne dans l'expédition de Suez aux côtés de la France, il doit céder devant les pressions conjuguées de l'U.R.S.S. et des États-Unis et le mécontentement de l'opposition travailliste (1956). Eden démissionne en janvier 1957, officiellement pour raison de santé, en fait parce[...]
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média
Autres références
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ROYAUME-UNI - Histoire
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Bertrand LEMONNIER et Roland MARX
- 43 835 mots
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...est revenue sous la houlette des conservateurs. Trois Premiers ministres se succèdent : Winston Churchill jusqu'en 1955, où il cède la place à Anthony Eden qui, victime de l'échec de Suez et malade, doit démissionner et trouve en Harold Macmillan, en janvier 1957, le maître d'œuvre d'un nouveau départ....