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DENISOV EDISON (1929-1996)

Dans la génération qui a suivi celle de Chostakovitch, Denisov est, avec Alfred Schnittke (1934-1998) et Sofia Goubaïdoulina (née en 1931), un des principaux représentants du courant novateur qui a rapproché les compositeurs russes de l'Occident à la fin de l'ère soviétique.

Né en Sibérie, à Tomsk, le 6 avril 1929, il est le fils d'un ingénieur électricien. Son prénom, Edison, est l'anagramme de son nom de famille, si l'on fait abstraction du « v » final. Il fait des études de mathématiques et de physique à l'université de sa ville natale tout en recevant sa formation musicale au Conservatoire de celle-ci. Puis il se fixe à Moscou, où, sur les conseils de Chostakovitch, il se consacre exclusivement à la musique. Il travaille la composition avec Vissarion Chebaline, l'orchestration avec Nikolaï Rakov et le piano avec Vladimir Belov au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou (1951-1956). En 1959, il commence à enseigner la théorie et l'analyse au Conservatoire, puis l'instrumentation. Il s'initie au dodécaphonisme, procédé d'écriture condamné par la censure instaurée par Jdanov, au nom du réalisme socialiste. Ses premières œuvres sont rapidement connues en Occident : on les joue notamment à Darmstadt et au Domaine musical, à Paris, où Bruno Maderna dirige Soleil des Incas en 1965 (œuvre créée à Leningrad le 30 novembre 1964). Pourtant, dans son pays, sa musique est mise à l'écart. Denisov s'intéresse par ailleurs aux traditions musicales sibériennes, dont on trouve des traces dans sa musique.

Très attaché à la France, dont il parle la langue et connaît bien la culture, il noue des liens privilégiés avec le monde musical de ce pays, qui le conduisent rapidement à la reconnaissance internationale. Il met en musique des poèmes de Baudelaire (Chant d'automne pour soprano et orchestre, 1971) ou des textes de Boris Vian (La Vie en rouge, 1973). Les contacts très étroits qu'il entretien, dans les années 1970, avec quelques grands interprètes occidentaux rendent sa démarche plus pragmatique, ce qui valorise le dramatisme et le lyrisme de sa musique. Il compose pour Gidon Kremer (Sonate pour violon et piano, 1972 ; Concerto pour violon, 1978), Aurèle Nicolet (Concerto pour flûte, 1976 ; Double Concerto pour flûte, hautbois et orchestre, 1979), Heinz Holliger (Musique romantique, pour hautbois, harpe et trio à cordes, 1969 ; Concerto pour hautbois, 1988) ou pour le saxophoniste Jean-Marie Londeix des œuvres qu'ils jouent dans le monde entier. Denisov se dégage de la rigueur postsérielle teintée de pointillisme qu'il avait pratiquée pendant une quinzaine d'années pour élaborer un langage plus diversifié, où l'expression, la recherche des couleurs et le sens poétique jouent un rôle déterminant. La couleur et la peinture semblent d'ailleurs constituer pour lui des fils conducteurs qui révèlent l'importance de l'influence de Debussy : Peinture pour orchestre (1970), Signes en blanc pour piano (1974), Aquarelle pour vingt-quatre instruments à cordes (1975).

Au cours des années 1980, il se consacre à des partitions de plus vaste envergure. Son Requiem (1980) sur des textes de Francisco Tanzer marque le début de cette nouvelle période. Son opéra L'Écume des jours, d'après Boris Vian, est créé à l'Opéra-Comique, à Paris, en 1981. Un second opéra voit le jour en 1986, Les Quatre Filles, d'après Picasso. En 1988, Daniel Barenboïm lui commande et créé, avec l'Orchestre de Paris, sa Symphonie pour grand orchestre. En 1990, il fonde à Moscou la Nouvelle Association de musique contemporaine, qui se veut l'écho de celle qui avait marqué les débuts de l'avant-garde soviétique des années 1920. Toujours en contact avec les moyens d'expression de son temps, il travaille à l'I.R.C.A.M. en 1990-1991, où il compose [...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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