Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HEARD EDITH (1965- )

Article modifié le

Née le 5 mars 1965 à Londres, Edith Heard est une biologiste britannique dont les travaux dans le domaine de l’épigénétique ont été récompensés, en 2024, par la médaille d’or du CNRS, l’un des plus prestigieux prix français pour la recherche scientifique. Britannique par son père et de naissance, grecque par sa mère et française de cœur et d’adoption, elle a travaillé à Londres, Paris et Heidelberg.

Edith Heard est intéressée par les sciences dès son plus jeune âge. Elle s’oriente finalement vers les sciences naturelles à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni. Après une thèse sur l’amplification génique dans le cancer à l’Imperial Cancer Research à Londres, elle rejoint la France en 1990, où elle poursuit des recherches en épigénétique, domaine qui ne cessera de la passionner et dans lequel elle sera mondialement reconnue.

Plus précisément, elle s’intéresse à un processus qui touche exclusivement les femmes et tous les mammifères femelles : l’inactivation d’un de leurs deux chromosomes X. Tout au long de sa brillante carrière, et quelles que soient les responsabilités annexes qu’elle a prises, elle a été pionnière dans les concepts et les méthodes qui ont permis d’élucider les mécanismes moléculaires conduisant l’un des deux chromosomes X des femelles à être majoritairement – mais pas totalement – réduit au silence. Les découvertes majeures qui ont jalonné son parcours scientifique rayonnent bien au-delà des spécificités de ce chromosome si particulier, puisqu’elles ont aussi permis d’établir des principes généraux dans la régulation des gènes et leur organisation dans l’espace que constitue le noyau des cellules. Sa très large vision scientifique, sa rigueur intellectuelle et méthodologique combinée à une persévérance hors norme expliquent à n’en pas douter l’excellence de ses travaux.

Edith Heard - crédits : Frédérique Plas

Edith Heard

Convaincue dès son stage postdoctoral à l’Institut Pasteur au début des années 1990 que la manière dont les chromosomes s’articulent dans un espace à trois dimensions joue un rôle crucial dans la lecture de l’information génétique, elle a été parmi les premières à mettre en lumière l’organisation en « domaines topologiquement associés » des chromosomes, qui correspondent à des successions de pelotes n’ayant que peu de contact les unes avec les autres. Les recherches de son équipe ont également permis de comprendre comment l’association de l’ARN non codant XIST, issu du chromosome X, avec des partenaires protéiques issus d’autres chromosomes conduit à l’inactivation de ce même chromosome X au cours du développement embryonnaire, et de préciser les changements moléculaires comme les réorganisations topologiques qui interviennent lors de ce processus. Edith Heard pense que les quelques gènes du chromosome X qui résistent à l’inactivation jouent un rôle majeur dans certaines différences existant entre les sexes dans des contextes physiologiques ou pathologiques, et s’attelle à en décrypter les mécanismes. Toujours à la pointe de la technologie, ses travaux s’appuient sur de l’imagerie à haute résolution, du séquençage à haut débit à l’échelle de la cellule unique et sur des approches biophysiques qui permettent de détailler avec une précision extrême des processus moléculaires complexes.

Persuadée que la communication est importante pour la science, elle intervient aussi bien auprès des décideurs que du grand public et des médias. En 2012, elle est nommée professeure au Collège de France, où elle est titulaire de la chaire d’épigénétique et mémoire cellulaire, assurant, par son enseignement, la diffusion de la connaissance.

Au-delà de ses travaux qu’elle continue à développer, elle a su fédérer une communauté composée de chercheurs qu’elle a accompagnés, d’étudiants qu’elle a formés. Son ouverture d’esprit a en effet inspiré des générations[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directrice de recherche au CNRS, directrice du centre de recherches de l'Institut Curie

Classification

Média

Edith Heard - crédits : Frédérique Plas

Edith Heard