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WHARTON EDITH (1862-1937)

Une naissance dans l'aristocratie new-yorkaise ; la découverte de l'Europe : Angleterre, Italie (qui inspirera à l'écrvain le magnifique Villas et jardins d'Italie, 1904) et France, où elle se fixe définitivement ; la peinture d'une aristocratie dont les conventions et la superficialité dissimulent mal une survie de plus en plus problématique. Ce sont là autant de traits qui contribuent à rapprocher Edith Wharton de Henry James, à qui elle voua une profonde admiration. Cependant, si l'influence de celui-ci fut bien réelle, il reste qu'Edith Wharton sut élaborer une œuvre dotée de ses qualités propres, plus proche d'une certaine forme de réalisme, là où James explorait avec délice les méandres de l'imaginaire.

Scruter « l’âme close »

Écrivain américain née en 1862 à New York dans une riche famille, et élevée au milieu des conventions mondaines, Edith Newbold Jones connut une adolescence solitaire quelque peu assombrie par des fiançailles rompues. C'est peut-être en partie parce que ses possibilités de se marier jeune ne s'étaient pas matérialisées qu'elle accepta d'épouser en 1885 Edward (« Teddy ») Wharton, qui appartenait à la bonne société de Boston. Neuf ans après son mariage, elle souffrit d'une dépression nerveuse due pour une part au caractère étouffant de sa vie. Une fois guérie, elle publia son premier recueil de nouvelles, The Greater Inclination (1899) suivi en 1901 d'un autre recueil, Crucial Instances. Son premier grand roman, The Valley of Decision, parut en 1902. The House of Mirth, 1905 (Chez les heureux du monde) marque son entrée dans sa maturité littéraire. Désormais, sa vie a commencé à changer : c'est en Europe que son mari et elle passent la plus grande partie de leur temps, et particulièrement à Paris. Au cours de ces années-là, Edith Wharton noue des amitiés chaleureuses dans un cercle distingué : Henry James, Henry Adams, Bernard Berenson, Charles du Bos, André Gide, Paul Bourget et, plus tard, le jeune Kenneth Clark. Ses années parisiennes seront aussi le témoin, de 1908 à 1909, de son aventure passionnée avec Morton Fullerton. Peu avant que la Première Guerre mondiale éclate, Edith Wharton se décida à demander le divorce. Pendant la guerre, elle restera à Paris et, durant le reste de sa vie, ne retournera plus aux États-Unis qu'à de rares intervalles. Des difficultés financières l'obligeront à écrire à un rythme de plus en plus rapide afin de faire face à ses dépenses, d'où la qualité médiocre d'une partie des ouvrages écrits après la guerre. Mais c'est pendant la même période qu'Edith Wharton se révèle capable de produire des œuvres majeures telles que Au temps de l'innocence (1920), qui obtint le prix Pulitzer et fut adapté au cinéma par Martin Scorsese en 1993.

Il y a deux périodes dans l'œuvre d'Edith Wharton : avant et après la guerre. Dans sa première période elle se préoccupe essentiellement d'analyser l'« âme close », à savoir les contraintes imposées à l'individu par des forces extérieures aussi bien qu'intérieures. De même qu'Isabel Archer dans Portrait de femme d'Henry James, Lily Bart, dans l'ouvrage Chez les heureux du monde, aspire à une liberté qu'elle ne peut posséder. Dépendant des riches pour subsister, elle tente de se marier, mais n'y parvient pas à cause de sa profonde répugnance à se compromettre. Sa situation financière de plus en plus difficile l'amène à prendre des mesures extrêmes, et finalement, comme elle ne veut pas se protéger du scandale en dévoilant les lettres secrètes d'une autre femme, elle succombe à la situation, et meurt d'avoir absorbé une dose excessive de somnifère. Sa fin montre comment opère un certain déterminisme social qui correspond à l'influence de Darwin sur la pensée de la société à[...]

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Écrit par

  • : professeur de littérature anglaise et américaine, University of Illinois, Urbana (États-Unis)
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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