ÉDITION ÉLECTRONIQUE
L’édition en ligne
Hybride, ouverte et interconnectée, l’édition en ligne englobe aujourd’hui la plupart des productions éditoriales numériques. Le livre numérique se connecte au réseau, du moins pendant la phase de téléchargement, et de façon constante si le lecteur utilise les fonctionnalités d’annotation collective ou de commentaire. Il en est de même pour le jeu vidéo, dont beaucoup d’émanations sont aujourd’hui inséparables d’Internet. Les modèles industriels de l’édition en ligne sont aussi diversifiés que ses formes et figures. C’est pourquoi on ne peut les présenter ici de façon exhaustive.
L’édition en ligne a tendance à s’affranchir des contraintes matérielles du livre que sont la page, le sommaire, le volume, la présentation d’un texte « définitif ». Le domaine du journalisme constitue un exemple particulièrement probant de l’évolution des pratiques éditoriales. Dès 1995, certains grands médias de presse français comme Le Monde se sont lancés dans l’aventure de l’édition en ligne. Ils ont testé des versions homothétiques, copies quasi conformes de l’édition papier, des formules d’abonnement, avant d’aboutir souvent à des formes mixtes proposant des articles de l’édition papier payants ou en consultation libre, et des actualités rédigées et publiées en flux continu. Beaucoup de journaux et magazines en ligne intègrent des éléments multimédias, s’ouvrent aux commentaires des lecteurs, parfois même à la participation active de journalistes amateurs.
Le modèle économique de la presse en ligne est d’une part fondé sur des formules d’abonnement, et d’autre part sur l’inclusion de publicités plus ou moins intrusives. La fabrication des pages-écrans est régie par des outils-logiciels appelés content management systems (C.M.S.), outils d’édition qui ont profondément transformé la publication en ligne en proposant une séparation entre la forme (contrainte par l’outil) et le contenu (rédigé par l’auteur). Beaucoup de ces outils proposent à l’auteur l’insertion d’hyperliens, par définition internes car fondés sur le repérage de mots clés associés. Si ces hyperliens peuvent éventuellement aider le lecteur à retracer le traitement d’une information à l’intérieur du journal, ils favorisent également une fermeture du circuit de l’information, le risque étant non seulement de réduire la diversité des représentations du réel, mais aussi de satisfaire des logiques d’autopromotion et de référencement par les moteurs de recherche.
Malgré ces risques et écarts, certains titres de presse en ligne exploitent de façon particulièrement riche le potentiel rhétorique de l’hyperlien. Loin d’être une simple fonction commerciale ou de se réduire à la fonction documentaire qui lui est communément associée, l’hyperlien dans la presse en ligne relie parfois des textes aux arguments contradictoires, invite à effectuer des pas de côté, ouvre le débat en plongeant le lecteur dans un état d’incertitude tout à fait salutaire. Ces textes modélisent des pratiques de lecture concentrées et réflexives, qui ne sont pas toujours spontanément associées au numérique. Lors d’entretiens avec des éditeurs, concepteurs et auteurs de textes numériques, on constate que ce sont souvent ces représentations des attentes, espoirs, réticences et habitudes du lecteur qui empêchent l’expérimentation créative des caractéristiques du texte numérique. La prise de risque se voit encadrée et contrainte par les enjeux industriels de l’édition numérique marchande.
Si le monde de l’édition en ligne est structuré par des éditeurs qui imposent leurs contraintes, il reste néanmoins ouvert aux initiatives personnelles. En principe, il suffit de disposer d’un dispositif d’écriture numérique et d’une connexion pour publier sur Internet. Les content managementsystems ont facilité le[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alexandra SAEMMER : professeur des Universités en sciences de l'information et de la communication, université de Paris-VIII
Classification
Médias
Autres références
-
BIBLIOTHÈQUES
- Écrit par Henri-Jean MARTIN
- 8 931 mots
- 3 médias
...compte, tout dépend des formes que prendra le livre de demain, des fonctions qu'il continuera ou non d'assumer et des manières dont il sera édité et diffusé . Comment déterminer les relations que les établissements actuels entretiendront avec les centres d'édition électronique ? Ils devront de toute évidence... -
BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES
- Écrit par Yannick MAIGNIEN
- 5 198 mots
- 1 média
Dans sa réflexion sur la bibliothèque comme espace de savoir et de recherche, l'historien du livreHenri-Jean Martin s'interroge : « Le problème de l'avenir des bibliothèques se pose en fait aujourd'hui en d'autres termes. Quel rôle joueront-elles dans l'élaboration, la diffusion...
-
CULTURE NUMÉRIQUE
- Écrit par Jean-Yves MOLLIER
- 4 509 mots
- 1 média
...à voir avec l'ordinateur et, encore moins Internet, il paraît retrouver une véritable actualité depuis que les « chats », les « blogs » et surtout les « wikis » permettent à chacun de participer à la construction d'un texte ou à la rédaction d'une notice encyclopédique. Toutefois l'anonymat... -
DARNTON ROBERT (1939- )
- Écrit par Roger CHARTIER
- 1 024 mots
L’historien américain spécialiste du xviiie siècle Robert Darnton a entrepris dès les années 1960 une grande recherche sur les Lumières et leur rôle dans la fin de l'Ancien Régime.
Diplômé de Harvard et d'Oxford, Robert Darnton, après avoir enseigné l'histoire européenne à Princeton de...
- Afficher les 15 références