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BOUCHARDON EDME (1698-1762)

L'activité parisienne

Il revint à Paris en 1732. La renommée de ses œuvres romaines l'y ayant précédé, il reçut d'importantes commandes, sans toutefois parvenir au succès de son condisciple L.-S. Adam dont le talent plus brillant plaisait davantage, notamment au roi. En 1734, il signait un contrat pour l'exécution de vingt-quatre statues pour l'église Saint-Sulpice ; ce travail, qui se prolongea jusqu'en 1750 et resta inachevé (la Vierge, le Christ et huit apôtres seulement furent sculptés), a été réalisé en large partie par des aides d'atelier. Les œuvres qui lui furent commandées pour Versailles, deux groupes en plomb pour le bassin de Neptune (1736-1739), qui devaient faire pendant à ceux de L.-S. Adam et J.-B. Lemoyne, et un bas-relief en bronze représentant la Procession de saint Charles Borromée à Milan pour la chapelle du château (1737-1747), ne lui permirent pas d'exprimer librement ses aspirations classiques, car il dut harmoniser son style à celui d'autres artistes. Pourtant, aussi bien dans la grâce enfantine de son Génie conduisant un dragon marin que dans la cadence solennelle de la scène religieuse, il évita toute contorsion de forme, en pliant les principes du baroque à un langage simple et dépouillé. Ce n'est qu'avec la Fontaine de la rue de Grenelle (commandée par les échevins de Paris en 1739 et terminée en 1745) qu'il donna la pleine mesure de son originalité, en imaginant une composition architecturale d'ordre classique, dans laquelle les sculptures sont insérées, de façon à obtenir un effet monumental. La sobriété des lignes et des rythmes contraste avec le pittoresque des fontaines « rocaille » de l'époque. Si l'on peut reprocher à ses statues en ronde bosse une certaine froideur académique, dans les quatre bas-reliefs des saisons la pureté des formes traduit parfaitement son observation à la fois tendre et attentive de la réalité. Entre 1747 et 1750, il exécuta L'Amour taillant son arc dans la massue d'Hercule : au symbolisme complexe du sujet correspond, sur le plan stylistique, un purisme poussé à l'extrême qui trahit le doctrinaire et marque la limite de son art. La tendance à un appauvrissement des valeurs plastiques est rachetée, dans cette œuvre, par le charme exquis de la pose, la légèreté de la figure ; cet appauvrissement était probablement plus accentué dans la statue équestre en bronze de Louis XV pour l'actuelle place de la Concorde, à laquelle on reprocha un polissage excessif ; mais ce n'est qu'une hypothèse, car la statue, commandée par le roi en 1748, terminée par Pigalle après la mort de Bouchardon, fut détruite en 1792 et les réductions de Vassé ne nous permettent pas de formuler sur elle un jugement sûr.

Excellent dessinateur (le cabinet des Dessins du Louvre conserve d'innombrables études préparatoires pour ses sculptures), Bouchardon illustra des livres et fit des originaux pour les gravures de Caylus. Nommé dessinateur de l'Académie des inscriptions en 1737, il exerça cette fonction jusqu'à sa mort.

Ce n'est pas dans une perspective strictement formelle, mais plutôt dans le domaine du goût et de l'idéologie artistiques qu'il faut rechercher l'originalité de Bouchardon. Aussi n'est-il sans doute pas illégitime d'affirmer qu'il a préparé en France les voies au néo-classicisme.

— Gabriella RÈPACI-COURTOIS

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<it>Athlète luttant avec un ours</it>, E. Bouchardon - crédits :  Bridgeman Images

Athlète luttant avec un ours, E. Bouchardon

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