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BOUBAT EDOUARD (1923-1999)

Le dialogue avec les livres

Bon nombre des images d'Edouard Boubat, comme celle de la poule sous son arbre (1950), celle des enfants jouant au jardin du Luxembourg sous la neige (1955) ou celle d'une jeune mère indienne face à la mer (1971), lui ont valu de toucher un large public. Résolument étranger à ce que le malheur, la misère, la guerre peuvent procurer de sensationnel, réfractaire aux clichés volés d'un Cartier-Bresson et plus encore aux arrangements d'un Doisneau, le style de Boubat conforte peu à peu la réputation d'un photographe singulier, toujours respectueux des sujets croisés au hasard de ses voyages. Son premier livre, Ode maritime, publié en 1957 chez le Japonais Heibonsha, révèle une vision poétique de l'univers de la pêche et des pêcheurs, photographiés à bonne distance, dans la poésie des grèves, des barques et des filets. En 1966, Bernard Georges publie un premier essai monographique, Edouard Boubat.

Le succès populaire de Boubat en fait un auteur heureux et lui permet de revenir sur sa production, à travers des sujets toujours au centre du regard qu'il promène sur le monde. Femmes (1972) illustre la beauté pure, l'enfance, la maternité ou le grand âge avec la même sensibilité. Ce thème de prédilection revient en 1980 avec Préférées, puis dans Vues de dos (1981), dans Comme avec une femme (1994), sept ans après Lella, le recueil dédié à la muse des premières années (1987). Le thème de l'enfance est un sujet également récurrent. Anges (1974), que présente le joli texte d'Antoine Blondin, rassemble en un petit format précieux les enfants des processions religieuses suivies au cours des premiers voyages d'Europe du Sud. Avec le même auteur, Mes Chers Enfants (1991) célèbre la jeunesse du monde entier, photographié pendant plus de quatre décennies. La poésie pure s'exprime dans Arbre : portrait, réalisé en collaboration avec Bernard Noël, et dans Les Fenêtres de Boubat, sur des textes de Michel Butor et Dominique Preschez (1991 et 1993). Parisien dans l'âme, Edouard Boubat consacre trois ouvrages à sa ville, le guide touristique Jardins et squares (1982), Le Paris de Boubat (avec les textes de Françoise Reynaud et François Cavanna, 1990), Amoureux de Paris (1993). La relation étroite entretenue par Edouard Boubat avec les artistes, et spécialement les écrivains, est à l'origine de plusieurs ouvrages. Michel Tournier lui demande en 1972 de l'accompagner en Amérique du Nord et d'illustrer son Journal de voyage au Canada qui ne paraîtra que douze années plus tard. Michel Tournier sera aussi l'artisan de l'important volume de Miroirs autoportraits (1973) dans lequel quatre-vingt-trois écrivains se décrivent par le texte en face d'un portrait que Boubat réalise de manière libre. Le dialogue avec la littérature se prolonge avec Marguerite Duras pour Boubat par Boubat (1979), avec Pauses, sur des textes de Jacques Prévert (1983), et La vie est belle, où la photographie s'insinue entre de larges citations (1996). Auteur poétique, aérien, Edouard Boubat s'interrogeait aussi sur des sujets profonds, abordés dans Voyons voir, recueil de conversations avec Pierre Borhan (1980), dans Donne-moi quelque chose qui ne meure pas (1996) et dans La Bible de Boubat (1998). La bibliographie d'Edouard Boubat comporte de nombreuses monographies dont la plus récente, publiée en 2004, a été réalisée par son fils Bernard, son assistant des dernières années.

— Hervé LE GOFF

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  • PHOTOGRAPHIE (art) - Un art multiple

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    • 10 750 mots
    • 20 médias
    ...Strand et l'Allemand Auguste Sander ainsi que le Mexicain Manuel Alvarez Bravo, inspiré par les tonalités contrastées de son pays. En France, Édouard Boubat symbolise cette tendance (La Survivance, 1976), soulignée par la noblesse du geste et la pureté de la lumière. Pureté que rejoignent, par...