ÉDOUARD III (1312-1377) roi d'Angleterre (1327-1377)
Monté sur le trône après le meurtre de son père, débarrassé dès 1330, par une petite révolution de palais, de sa mère Isabelle, emprisonnée, et de Roger Mortimer, exécuté, Édouard III a vécu trop longtemps pour conserver, à l'extrême fin de son règne, l'autorité jalouse qu'il avait ambitionnée : sénile, il doit vers 1370, assister aux luttes d'influence entre le clan cupide des Lancastriens, autour de Jean de Gand, et un clan réformateur qui trouve un moment, avant 1376, le soutien du Prince Noir. Depuis le milieu du siècle, le roi a, d'autre part, été le témoin d'une immense catastrophe économique et humaine, liée à la peste noire et aux épidémies suivantes, qui a coûté à l'Angleterre le quart de sa population et entraîné par l'effet de la diminution des naissances, un déclin démographique de l'ordre d'un tiers. Ces aspects très sombres ne doivent pas dissimuler les apports essentiels du règne. L'abandon des espérances écossaises est consacré malgré des victoires initiales impressionnantes en 1332 et 1336 sur l'ennemi « héréditaire » du Nord. Cet abandon s'explique par le choix d'une vigoureuse politique continentale : après avoir accepté, par l'intermédiaire de sa mère, puis personnellement, de reconnaître la décision des barons français en 1328 et la nouvelle dynastie des Valois, Édouard III en vient à invoquer ses propres titres au trône de France (il est par sa mère, petit-fils de Philippe le Bel) et engage son pays dans ce qui va être la guerre de Cent Ans : poussé, en partie, par des préoccupations économiques dont le commerce avec la Flandre, désireux de récupérer des provinces autrefois liées à l'Angleterre, il est servi par une stratégie nouvelle et l'emploi systématique d'arbalétriers et d'archers ; les victoires de Crécy (1346) et de Poitiers (1356) semblent lui offrir les plus belles espérances ; le traité de Brétigny de 1360 lui reconnaît la possession d'un vaste ensemble en France occidentale, mais le redressement français, sous Charles V, ne lui permet guère de conserver qu'une partie de la Guyenne et Bordeaux ; il léguera ainsi plus de convoitises nostalgiques que de conquêtes réelles. Les besoins financiers du roi en ce temps de guerre expliquent enfin le développement de l'institution du Parlement, souvent réuni pour voter des aides extraordinaires et qui, à partir du milieu du siècle, peut-être dès 1339, se subdivise de façon définitive entre la chambre haute des Lords et la chambre basse des Communes, où siègent les chevaliers et les représentants des bourgs : les taxes obtenues n'épargnent d'ailleurs pas au roi des difficultés financières chroniques. Hostile à tout accroissement de l'influence du Parlement, Édouard III n'accédera, avant de mourir, à aucune des demandes de réforme du « bon Parlement » de 1376.
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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