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LALO ÉDOUARD (1823-1892)

Compositeur français dont l'un des buts fut de favoriser la création d'une école française de symphonistes, à l'instar de ce qui, dans le monde germanique, permit, un siècle auparavant, l'éclosion de Beethoven, de Schubert, de Schumann. « Musicien de transition, il suit la ligne de sa génération avec les idées de ses successeurs » (Alain Pâris, « Édouard Lalo... un coup de soleil dans la musique française », in Scherzo, no 20, février 1963). Le rôle de Lalo fut plus important qu'on ne l'a cru, car il ouvrit la voie, à sa manière, par sa finesse d'inspiration et sa précision d'écriture, à l'art de Fauré, de Debussy, de Chabrier, de Déodat de Séverac, de Duparc. Né à Lille dans une famille de militaires d'ascendance espagnole, Lalo étudie d'abord au conservatoire de musique de sa ville natale, puis à celui de Paris (1839), où il est l'élève de F. Habaneck pour le violon et le violoncelle. Il prend des leçons particulières chez J. Schulhoff et Crèvecœur pour la composition. En 1855, il entre dans le quatuor Armingaud et Jacquard comme altiste. Il étudie particulièrement les partitions des grands romantiques allemands et refuse de sacrifier à la mode des compositeurs d'opéras et d'opérettes dans le style de l'époque : il veut servir avant tout la musique de chambre, alors délaissée en France, le piano, le violon, et la musique d'orchestre, la symphonie. Il trouve le succès avec la Symphonie espagnole pour violon et orchestre que créa Pablo Sarasate (1875) ; ce dernier avait aussi créé, l'année précédente, le Concerto de violon. Le Concerto pour violoncelle (1876) et la Symphonie en sol mineur (1885-1887) trahissent l'influence schumannienne. La Rhapsodie norvégienne (1878 env.) est une des plus brillantes réussites de Lalo. En 1882, l'Opéra crée Namouna ; ce ballet qui enthousiasmera tellement Debussy, préfigure ceux de Diaghilev, en ce sens qu'il mérite plus l'attention par sa partition musicale, dont l'instrumentation est particulièrement brillante, que par sa chorégraphie. La version définitive du Roi d'Ys (1888), créée à l'Opéra-Comique, est une des meilleures pages de Lalo et « l'un des plus parfaits chefs-d'œuvre du répertoire lyrique français » (Jean Ziegler). Le livret d'Édouard Blau adapte une légende bretonne qui place l'action au ve siècle, en Cornouailles. Le librettiste oppose les deux filles du roi Gradlon, Margared et Rozenn, toutes deux amoureuses du prince Karnac, terrible et farouche voisin. Margared, qui doit épouser le prince, refuse cet hymen car elle aime secrètement Mylio, son ami d'enfance, que tous croyaient mort et dont elle vient d'apprendre le retour. Ce dernier vient offrir ses services au roi, lequel lui promet la main de Rozenn, sa deuxième fille, s'il revient vainqueur de Karnac. Celui-ci sera battu, mais Margared hait alors sa sœur et promet de livrer à l'ennemi de son père les clés des écluses qui protègent la ville. Au moment où le peuple en liesse célèbre le mariage de Rozenn et de Mylio, les écluses s'ouvrent et la mer emporte tout sur son passage. Mylio aperçoit Karnac et le tue. Margared, à la vue de la catastrophe, se jette à la mer, tandis que saint Corentin apparaît et calme les flots. « Lalo ne manie pas l'orchestre comme Fauré et, si sa palette sonore est délicate, si ses harmonies sont riches, son instrumentation reste plus proche de Franck, tant dans le domaine symphonique qu'en musique de chambre. C'est peut-être par ses mélodies qu'il se rapproche le plus de Fauré, pages concises où texte et musique sont vraiment placés sur le même plan » (A. Pâris). Citons seulement, parmi ses œuvres de musique de chambre, le Quatuor à cordes en mi bémol majeur, op. 19, les Trois Trios pour violon,[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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