ÉDOUARD VUILLARD, PEINTRE DÉCORATEUR (repères chronologiques)
1892 Vuillard exécute sa première commande de panneaux décoratifs à Paris, six dessus-de-porte pour Paul Desmarais, un cousin de Thadée Natanson, directeur de la Revue blanche. L'année suivante, il réalise, pour le même commanditaire, un paravent, Les Couturières, où il emploie pour la première fois la peinture à la colle, qui va devenir sa technique de prédilection. La peinture décorative lui permet d'approfondir ses thèmes favoris, en même temps qu'elle lui ouvre un champ d'expérimentation technique et stylistique nouveau puisqu'il se consacrait exclusivement à la peinture de chevalet et aux arts graphiques.
1894 Alexandre et Julia Natanson commandent à Vuillard un ensemble décoratif pour la salle à manger de leur hôtel particulier avenue du Bois (aujourd'hui avenue Foch), à Paris. Vuillard choisit le thème des Jardins publics qu'il traite en neuf tableaux aujourd'hui dispersés dans différents musées (Les Premiers Pas, La Promenade, Museum of Fine Arts, Houston, Texas ; Les Deux Écoliers, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles ; Sous les arbres, Cleveland Museum of Art ; Fillettes jouant, L'Interrogatoire, Les Nourrices, La Conversation, L'Ombrelle rouge, musée d'Orsay, Paris).
1895 Le frère d'Alexandre, Natanson Thadée, et sa femme, Misia, commandent à Vuillard, pour leur appartement de la rue Saint-Florentin, un ensemble de cinq panneaux décoratifs, L'Album.
1896 Pour la bibliothèque de l'appartement du docteur Louis-Henri Vaquez, Vuillard peint quatre grands panneaux (musée du Petit Palais, Paris) représentant grandeur nature des personnages dans un intérieur La Musique, La Bibliothèque, Le Salon, La Couture. Ces grands panneaux semblent prolonger la pièce qu'ils décorent.
1899 Pour le père d'Alexandre et de Thadée Natanson, Adam, Vuillard exécute deux grands panneaux en longueur, Paysages-Île-de-France. C'est la première fois que Vuillard fait d'un paysage pur l'objet d'un panneau monumental. Il s'y montre proche d'un de ses modèles en peinture, Pierre Puvis de Chavannes.
1905 Vuillard expose au Salon d'automne les quatre panneaux peints pour Louis-Henri Vaquez ainsi que deux autres exécutés en 1898 pour Jean et Alice Schopfer avenue Victor-Hugo (Femme lisant sur un banc et Femme assise dans un jardin). Il peint ainsi régulièrement des ensembles décoratifs pour des personnes privées (par exemple, en 1911, pour Marguerite Chapin, future princesse de Bassiano, une immense Bibliothèque conservée au musée d'Orsay). La série Au Louvre peinte, en 1920-1922, sera sa dernière réalisation de ce type.
1913 Vuillard réalise sa première décoration pour un bâtiment public. Pour le théâtre de la Comédie des Champs-Élysées à Paris, il exécute pour le foyer un ensemble de compositions liées à la scène, évocation de son ancienne activité de décorateur de théâtre au cours de sa période nabie : pour le théâtre de l'Œuvre décors de Pelléas et Mélisande de M. Maeterlinck, de plusieurs pièces d'Ibsen et, en 1896, d'Ubu roi d'Alfred Jarry. Mais les différents panneaux pour la Comédie des Champs-Élysées marquent un retour à un certain classicisme.
1937 Vuillard, qui avait pratiquement abandonné la peinture décorative, reçoit, ainsi que ses anciens compagnons nabis, Pierre Bonnard et Maurice Denis, une commande de l'État, à l'occasion de l'Exposition universelle : un grand panneau, La Comédie, pour le foyer du palais de Chaillot. Dans un parc inspiré de celui du château des Clayes, près de Versailles, où il avait l'habitude de séjourner chez ses amis Jos et Lucie Hessel, Vuillard disperse en une sorte de ballet des personnages du théâtre de Shakespeare et de Molière. Bonnard réalise, non loin, une Pastorale de facture plus moderne.
1938 Nouvelle commande de l'État,[...]
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Écrit par
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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