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ÉDUCATION Économie de l'éducation

L'offre d'éducation

La relation entre dépenses d'éducation et résultats scolaires

L'analyse économique de l'offre d'éducation a pour point de départ une analogie entre l'enseignement et le processus de production d'une entreprise : les écoles sont assimilées à des unités de production où des employés (les professeurs) transforment des ressources (les dépenses d'éducation traduites en postes, formation et salaires des enseignants, matériels d'enseignement, bâtiments, etc.) en capital humain (les résultats des élèves). Cette analogie n'est pas déduite d'une théorie du comportement des professeurs ou des élèves ; elle amène à postuler l'existence d'une relation technique entre ressources des écoles et résultats scolaires, appelée « fonction de production éducative ». Les économistes de l'éducation cherchent à mesurer les paramètres de cette fonction, c'est-à-dire l'impact de chaque ressource sur les résultats, afin d'orienter la politique éducative en répondant à des questions comme celle-ci : améliorera-t-on le niveau des élèves en formant plus longuement les professeurs, en réduisant la taille des classes grâce au recrutement de professeurs supplémentaires, ou en fournissant plus de manuels scolaires aux élèves ?

Des dizaines d'études empiriques ont été publiées depuis la fin des années 1960, portant sur les pays développés, notamment les États-Unis (depuis le « rapport Coleman », publié en 1966), mais aussi sur de nombreux pays en développement. L'interprétation de leurs résultats est sujette à de vives controverses. Premièrement, l'existence d'une relation directe entre les dépenses d'éducation et les résultats scolaires n'est pas évidente. Ainsi, dans les pays de l'O.C.D.E., les dépenses par élève dans le secondaire ont très fortement augmenté des années 1970 aux années 2010 sans que les connaissances acquises s'améliorent notablement. Deuxièmement, il s'est révélé impossible d'identifier des types de dépenses ayant un impact significatif sur les résultats scolaires commun à tous les systèmes d'enseignement : certaines dépenses (par exemple la réduction de la taille des classes) sont efficaces dans certains pays, mais ne le sont pas dans d'autres. Troisièmement, il est même difficile de parvenir à un consensus quant aux effets probables d'une mesure de politique éducative spécifique à l'intérieur d'un même pays. Ainsi, l’effet sur les résultats des élèves de l’équipement des écoles en technologies de l’information et de la communication est mal identifié. Aux États-Unis, certaines études font état d’un effet positif et significatif, mais d’autres ne trouvent aucun effet. Menée dans un contexte de fort lobbying des entreprises du secteur, la politique particulièrement coûteuse consistant à équiper chaque étudiant d’un ordinateur semble, elle, mener paradoxalement à une baisse des résultats d’apprentissage.

La gestion des écoles

Devant l’échec relatif de ce programme de recherche, l’intérêt s’est déplacé des ressources des écoles à leur fonctionnement. L’analyse statistique des résultats scolaires des élèves montre que la « valeur ajoutée » des professeurs, c’est-à-dire la part des progrès faits par les élèves qui peut leur être attribuée, est très variable. Elle dépend moins de caractéristiques observables, comme le nombre d’années d’études des professeurs ou la durée de leur formation, que de leurs compétences pédagogiques ou de leur motivation, plus difficiles à quantifier. Par ailleurs, des enquêtes dans plusieurs pays en développement ont trouvé de forts taux d’absentéisme des professeurs : un symptôme, parmi d’autres, de systèmes d’enseignement défaillants, où une forte proportion d’élèves achève le cycle primaire[...]

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