ÉDUCATION L'accès à l'éducation dans le monde
L'idée d'éducation pour tous n'est pas nouvelle. Plusieurs pays européens se sont donné cet objectif dès le xixe siècle. Un certain nombre, dont la France, l'ont réalisé avant 1900. Par la suite, il fut inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme adoptée par la communauté internationale après la Seconde Guerre mondiale. Mais ce n'est qu'à partir du mouvement vers l'indépendance des pays colonisés que le principe d'une éducation pour tous s'est imposé dans les pays en développement : au début des années 1960, la conférence internationale d'Addis-Abeba fixa comme horizon l'année 1980 pour la réalisation de cet objectif. En réalité, les progrès furent plus lents que prévus. En 1990, la conférence de Jomtien (Thaïlande) tenta de redonner un élan au processus, et en 2000, à Dakar, les mêmes acteurs, prenant acte de la persistance de l'existence d'enfants non scolarisés dans le monde, engageaient la communauté internationale à augmenter les transferts de ressources des pays riches vers les pays pauvres. Dans la foulée, les Nations unies se donnèrent une mission plus large, dite des objectifs du millénaire à atteindre à l'horizon 2015 et dont l'éducation pour tous constitue l'un des piliers.
Définition et mesure
Quelle éducation pour tous ?
Le concept d'éducation pour tous (E.P.T.) n'est pas sans ambiguïtés. Il s'agit de définir une sorte de menu commun de base sans que cela implique nécessairement une poursuite généralisée des études les plus longues. Certains pays préconisent une vision réduite et assimilent l'éducation de base à l'éducation primaire ; d'autres y incluent le premier cycle de l'enseignement secondaire ; d'autres y incluent l'éducation pré-primaire (l'Unicef en particulier y accorde une grande priorité) ; d'autres enfin y incluent l'alphabétisation des adultes. Cette multiplicité de conceptions rend difficile toute démarche d'évaluation. La définition pragmatique qui tend à l'emporter aujourd'hui s'en tient à une éducation primaire pour tous.
En outre, aucun indicateur ne donne la probabilité exacte pour un enfant aujourd'hui d'avoir accès à l'enseignement primaire et d'achever le cycle (cinq années d'études sont généralement nécessaires à une alphabétisation durable). Cet indicateur serait obtenu en multipliant le taux net d'accès par le taux de survie à cinq ans, mais aucun des deux n'est aujourd'hui disponible en moyenne pondérée. Les taux de scolarisation brut et net, quant à eux, indiquent la part des enfants scolarisés à un moment donné, mais ni l'un ni l'autre ne sont réellement satisfaisants lorsque les systèmes éducatifs accueillent beaucoup d'élèves en retard, ce qui est le cas dans un certain nombre de pays en voie de développement.
Cet article fait le bilan de l'accès à l'éducation dans le monde au début du troisième millénaire. Il s'attache à montrer les inégalités de scolarisation aux différents niveaux de la hiérarchie scolaire, primaire, secondaire et supérieur. Il n'était pas possible ici de décrire la situation des 203 pays pour lesquels l'U.N.E.S.C.O., principale source d'informations, publie des données ; d'où un regroupement en huit régions, qui a pour effet d'atténuer les inégalités entre cas extrêmes. Le contexte mondial est dominé depuis l'année 2000 par la réalisation de l'objectif d'éducation primaire pour tous à l'horizon 2015. Les régions les plus en retard en ce domaine, – l'Afrique subsaharienne, l'Asie du Sud et les États arabes – ont fortement progressé dans la période récente. Alors que dans la décennie 1990 le nombre d'enfants non scolarisés était resté stable, à un peu plus de 100 millions, il a baissé d'un quart de 2000 à 2004. On notera[...]
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Écrit par
- François ORIVEL : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
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