ÉDUCATION L'accès à l'éducation dans le monde
L'accès à l'enseignement primaire
Les taux bruts de scolarisation
Le taux brut de scolarisation rapporte les effectifs inscrits dans l'enseignement primaire à la population cible correspondante (soit la totalité des enfants ayant les âges correspondant théoriquement à l'enseignement primaire). Si l'on en croit cet indicateur, les pays en développement et les pays en transition (107 p. 100) dépassent les pays développés (101 p. 100) [tabl. 1].
La raison en est que leurs systèmes éducatifs accueillent beaucoup d'élèves plus âgés que les générations du dénominateur. En effet, les élèves inscrits dans un cycle donné n'ont pas tous l'âge de la population cible correspondante. Certains, en petit nombre, sont plus jeunes. D'autres, plus nombreux, sont plus âgés. Cela est dû soit à des redoublements, soit à des entrées tardives dans le cycle. Ces débordements expliquent que le taux de scolarisation puisse dépasser la valeur de 100 p. 100, alors même que l'éducation pour tous n'est pas atteinte.
On observe ainsi de forts contrastes d'une région à l'autre concernant les redoublements (tabl. 2) : l'Afrique subsaharienne affiche un taux record de près de 18 p. 100, suivie par l'Asie du Sud (9,2 p. 100) et l'Amérique latine (5,9 p. 100). À l'autre extrémité, trois régions – l'Amérique du Nord et l'Europe occidentale, l'Asie centrale et l'Europe centrale et orientale – connaissent des taux de redoublement inférieurs à 2 p. 100.
Il convient ici de souligner que le redoublement entraîne plus d'inconvénients que d'avantages, notamment en matière d'impact pédagogique sur la réussite des élèves redoublants, en matière de coûts additionnels sur les budgets éducatifs et enfin en matière d'impact sur la taille des classes. Cet ensemble d'inconvénients explique qu'un grand nombre de pays adoptent désormais des politiques éducatives visant à réduire la propension à redoubler.
Les taux nets de scolarisation
Pour contourner les inconvénients du taux brut, on calcule un taux net, qui garde le même dénominateur, mais réduit le numérateur aux seuls effectifs scolarisés ayant les âges correspondants à la population scolarisable du dénominateur. C'est un taux plus difficile à calculer, car il ne suffit plus de collecter des données sur le nombre d'élèves, mais également sur leurs âges. Avec le temps, le nombre de pays qui peuvent fournir des taux nets, notamment au niveau primaire, s'est accru et l'on dispose aujourd'hui d'une série homogène depuis 1990.
La région la plus défavorisée est l'Afrique subsaharienne avec 2 enfants sur 3 scolarisés à l'âge théorique (65 p. 100), suivie des États arabes, avec 81 p. 100 et de l'Asie du Sud avec 86 p. 100 (tabl. 3). Ces trois régions sont les plus en retard en matière d'accès à l'éducation. Leur taux net est beaucoup plus faible que leur taux brut du fait de l'importance des redoublements dans ces pays. Il faut préciser ici que ce taux net donne toutefois une image quelque peu pessimiste de l'atteinte de l'objectif d'éducation pour tous, dans la mesure où ce n'est pas parce qu'un enfant rentre tardivement à l'école primaire ou y redouble que l'on doit considérer qu'il y a échec.
La décennie 1990 a connu peu de progrès, contrairement aux espoirs suscités par la conférence de Jomtien. Le taux net n'a connu qu'un gain d'un point au niveau mondial ; l'Afrique subsaharienne et les États arabes n'ont pas ou peu avancé ; seule l'Asie centrale et l'Amérique latine affichent des progressions sensibles.
À partir de 1999 toutefois, la situation s'améliore : on observe un gain de 3 points en 5 ans, soit un rythme de croissance près de six fois supérieur[...]
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Écrit par
- François ORIVEL : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
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