ÉDUCATION Les nouvelles technologies au service de l'éducation
Lieux et temps de l'enseignement modifiés
Depuis plus d'un demi-siècle, l'objectif principal des réformes des systèmes éducatifs est de mieux répondre aux impératifs du développement industriel et à la demande croissante – en qualité comme en quantité – de formation. Elles ont dû trouver un équilibre entre :
– la nécessité d'une plus large distribution du savoir : démocratisation de l'accès à la connaissance et prise en compte de l'apprentissage tout au long de la vie ;
– l'essor des théories de l'apprentissage : progrès des sciences cognitives, réflexion sur la didactique des disciplines, mise en application des théories comportementalistes ou constructivistes, développement des technologies de l'éducation ;
– une meilleure gestion des systèmes éducatifs ou de formation afin d'en optimiser le rapport efficacité/coût.
Très vite, les technologies de l'information et de la communication ont été perçues comme pouvant être un recours – inéluctable aux yeux de certains spécialistes – pour répondre à ces enjeux de société.
Les nouveaux usages qu’elles permettent bousculent en effet le cadre « classique » de notre enseignement qui s'est construit depuis toujours autour d'une trilogie invariable : l'horaire du cours-la salle de classe ou l'amphithéâtre-la discipline enseignée. La forme du cours de l'enseignant, sa durée, son inscription dans l'espace, que nous connaissons tous, qui nous semblent si évidentes, sont en pleine mutation après avoir si peu changé au cours des siècles.
Il y a encore peu de temps, il n'existait réellement qu'un lieu d'enseignement qui était la salle de cours quelle qu'en soit la forme. Toute autre alternative n'était qu'un palliatif. On s'adressait à l'enseignement à distance quand il était impossible de fréquenter un établissement classique. Dorénavant, il est en effet possible d'offrir à des étudiants éloignés d'une université un accès à l'enseignement supérieur ; à cette fin de nombreux projets en direction des pays du Sud ont été menés depuis plusieurs années. Des enfants hospitalisés peuvent par les techniques de visioconférence suivre une scolarité plus « normale ». Un employé d'une entreprise peut mettre à jour telle ou telle compétence sans avoir à se déplacer, de son lieu de travail ou de son domicile.
Depuis quelques années, on commence à admettre que la salle de classe ou l'amphithéâtre ne sont plus les seuls espaces dans lesquels le cours puisse être dispensé. Les nouvelles technologies permettent de s'affranchir des contraintes spatiales. Ce potentiel a été rapidement perçu dans l'enseignement supérieur dans lequel se sont développés des campus virtuels (e-learning) et des universités numériques thématiques (par exemple en médecine, en droit ou en sciences de l'ingénieur). D'autres usages permettent de décloisonner l'espace d'enseignement. Ainsi l'acquisition et le traitement informatisés de données expérimentales sont des pratiques pédagogiques déjà largement diffusées dans les classes de sciences physiques et de biologie des lycées. Couplées à Internet, elles prennent une autre dimension ; il est ainsi possible d'accéder à des expériences à distance (en direct ou en différé), d'acquérir des données dans des lieux divers (relevés de données météorologiques, sismographiques...), d’ouvrir la classe sur son environnement.
Par ailleurs, jusqu'ici, le cours du professeur était dispensé à heure fixe, et il était difficilement imaginable qu'il puisse en être autrement. Travail de recherche des élèves en autonomie sur Internet en dehors des heures de cours, entraînement sur demande des étudiants dans un laboratoire de langue, auto-apprentissage[...]
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Écrit par
- Gilles BRAUN : professeur agrégé de mathématiques, responsable du programme Ressources numériques pour l'enseignement scolaire et universitaire au ministère de l'Éducation nationale
Classification
Média
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