ÉDUCATION Les nouvelles technologies au service de l'éducation
La forme magistrale du cours remise en cause
Autour de ces nouvelles pratiques, de nombreuses questions se posent : Quel rôle et quelle place l'enseignant ou le formateur aura-t-il ? Qui aura en charge la conception des nouveaux outils d'acquisition des connaissances ? Ces changements s'accompagneront-ils d'une amélioration de l'enseignement dispensé ou amplifieront-ils les dysfonctionnements existants ?
De nombreux enseignants soulignent la difficulté de se libérer des contraintes d'espace et de temps. La présence réelle des élèves dans une salle de classe est même souvent perçue comme une condition de l'éducation. Nous savons aussi le rôle que joue l'émulation dans la motivation d'apprendre, de même que l'intérêt du travail en groupe. N'y a-t-il pas de l'artifice à transposer dans le virtuel les problèmes rencontrés dans notre quotidien, à simuler une autre école dans un « autre » espace avec d'« autres » enseignants, le réel ne donnant pas toute satisfaction ? L'école ne serait-elle pas non seulement obligatoire dans son enseignement, mais aussi nécessaire par son espace ?
Aujourd'hui encore, la plupart des élèves et des étudiants vont en cours dans un lieu et à un temps fixés à l'avance pour suivre un enseignement délivré par un professeur qu'ils connaissent. Ces cours se déroulent sous une forme qu'il est convenu d'appeler « frontale », le professeur faisant face à ses élèves. Au-delà de l'aspect spatio-temporel, c'est cette forme « magistrale » du cours que les nouvelles technologies peuvent agrémenter, modifier, voire remettre en question. Elles permettent en effet :
– d'accéder à des ressources pédagogiques de toute nature (documents textuels, iconographiques ou sonores). Le réseau doté de ses moteurs de recherche est une source d'information extraordinaire à la disposition de la communauté éducative ;
– d'enrichir la présentation du cours. La richesse et la souplesse du multimédia donnent au formateur la possibilité de représenter ce qu'il ne pouvait faire avec la seule assistance de la craie, du tableau noir et des moyens audiovisuels traditionnels ;
– de décharger l’enseignant de certains côtés répétitifs pour qu’il se concentre sur les aspects créatifs. La machine peut proposer et corriger des exercices sur un point précis du cours, sans fatigue et sans affectivité ;
– de répondre à la diversité de l'auditoire en offrant des cheminements différents, individualisés, mieux adaptés au rythme de chaque élève. Il est en effet possible de recevoir un message – écrit ou oral – de l'apprenant, de le mémoriser, de lui répondre mais aussi d'utiliser cette réponse pour la corriger et gérer une progression pédagogique ;
– de mettre l'étudiant en situation active grâce à des simulations qui vont lui permettre de modifier lui-même les paramètres d'une expérience ou d'un phénomène, voire de construire sa propre représentation des connaissances ;
– de diffuser plus aisément les supports de cours et les travaux d'étudiants. Le codage numérique permet en effet de reproduire facilement et de mettre à disposition, à des coûts très faibles, les productions pédagogiques ;
– de créer des communautés d'apprentissage plus souples que le groupe « classe » et dans lesquelles la relation élève-professeur-parent est susceptible de transformations profondes, l'élève ou le parent pouvant devenir lui-même détenteur de savoir.
Les technologies de l'information et de la communication incitent donc au travail autonome et au travail en groupe. Après plus d'un siècle de domination du modèle dominant d'un enseignement « frontal », celui d'un enseignement « mutualisé », lointain écho des expériences d'enseignement mutuel du [...]
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Écrit par
- Gilles BRAUN : professeur agrégé de mathématiques, responsable du programme Ressources numériques pour l'enseignement scolaire et universitaire au ministère de l'Éducation nationale
Classification
Média
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