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LEWIS EDWARD B. (1918-2004)

Ses travaux sur les radiations

En 1955, à l’Athenaeum – club privé sur le campus du Caltech rassemblant enseignants, donateurs et étudiants –, Ed Lewis entend ses collègues physiciens assurer qu’il existe un seuil sous lequel les radiations n’ont aucun effet sur les organismes vivants. Malgré de vives dénégations illustrées par des évidences sur les drosophiles, ils ne changent pas d’avis. Ed Lewis se met alors à travailler sur ce sujet. Rappelons que la mutagenèse (obtention de mutations) par rayons X a été découverte en 1926 par Hermann Muller (1890-1967, Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1946), un autre assistant de Morgan. En bon statisticien, Ed Lewis utilise les données provenant de quatre sources : les survivants d’Hiroshima et Nagasaki ; les radiologues qui, à l’époque, ne se protégeaient pas ; les adultes et les enfants qui ont subi une radiothérapie. Il montre une relation linéaire entre la dose de radiation et le déclenchement d’une leucémie. Il calcule que la dose que le gouvernement américain considère comme saine causerait un accroissement de 5 à 10 % des leucémies infantiles. En 1957, il transmet ce travail de synthèse à Linus Pauling (1901-1994), son collègue au Caltech, lauréat du prix Nobel de chimie en 1954 et futur récipiendaire du prix Nobel de la paix 1962 pour son combat contre les armes nucléaires. Il a ainsi participé à la large campagne menée par de nombreux scientifiques américains ayant abouti à l’arrêt des essais nucléaires atmosphériques.

En 1995, Ed Lewis, l’Allemande Christiane Nüsslein-Volhard (née en 1942) et l’Américain Eric F. Wieschaus (né en 1947) reçoivent le prix Nobel de physiologie ou médecine pour leurs travaux sur « le contrôle génétique du développement précoce de l’embryon ». Ce prix vient récompenser non seulement une découverte mais également une démarche qui a provoqué une véritable révolution conceptuelle dans notre regard sur les premières étapes de l’embryogenèse animale.

Ed Lewis est décédé le 21 juillet 2004 à Pasadena (Californie).

— Hervé LE GUYADER

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  • : professeur émérite de biologie évolutive, Sorbonne université

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