DMYTRYK EDWARD (1909-1999)
Né de parents ukrainiens immigrés, le 4 septembre 1908 à Grand Forks, au Canada, Edward Dmytryk quitte le domicile familial à l'âge de quatorze ans. Tout en faisant ses études secondaires à la Hollywood High School, il entre, en 1923, comme coursier et homme à tout faire à Famous Players-Lasky, future Paramount, où il devient bientôt projectionniste. Nanti d'une bourse, il suit, durant la saison 1926-1927, les cours du California Institute of Technology, avant de retourner à la Paramount. En 1929, il est nommé monteur. Licencié en 1931, après un remaniement administratif, il est peu après réintégré comme assistant-monteur avant d'être de nouveau nommé monteur en 1934.
En 1935, Edward Dmytryk réalise un premier film indépendant : The Hawk. En 1939, Paramount lui offre de diriger des films B. Il en tourne quatre, puis un à Monogram avant de passer à Columbia, où il enchaîne sept productions en un peu plus d'un an. En 1942, il entre à la R.K.O., où il va signer onze films B en cinq ans, dont Hitler's Children (1943), MurdermySweet (Le crime vient à la fin, 1944), Back to Bataan (Retour aux Philippines, 1945), Cornered (1945), Till the End of Time (1945) et Crossfire (Feux croisés, 1947), avec lesquels il assoit une réputation de solide technicien et de créateur d'atmosphère, ainsi que de réalisateur soucieux de recherches stylistiques.
En 1947, Edward Dmytryk, qui avait rejoint le Parti communiste au cours de l'hiver 1944-1945, est appelé à comparaître devant l'H.U.A.A.C., la Commission des activités antiaméricaines. Comme neuf de ses confrères, qui deviendront avec lui les « Dix de Hollywood », il refuse de témoigner en invoquant le premier amendement de la Constitution. Condamné, comme les autres, à une peine de prison ferme pour « outrage au Congrès », il émigre en Angleterre. Là, il tourne un film, So WellRemembered (1947), pour la R.K.O., qui peu après rompt son contrat. Toujours en Angleterre, il réalise deux autres films en 1949, dont Obsession (L'Obsédé).
Son passeport arrivant à expiration, Edward Dmytryk est obligé de retourner en 1950 aux États-Unis. Après avoir passé six mois en prison, il accepte, en 1951, de déposer devant la Commission. « Blanchi », il tourne Mutiny (Mutinerie à bord, 1952), puis signe un contrat avec le producteur indépendant, réputé de gauche, Stanley Kramer, sous l'égide duquel il signe quatre films « engagés » : The Sniper (L'Homme à l'affût, 1952), son meilleur film, EightIron Men (1952), The Juggler (Le Jongleur, 1953) et The Caine Mutiny (Ouragan sur le Caine, 1954).
Ce dernier film témoigne d'une évolution de sa pratique de la mise en scène cinématographique, qui va aller en empirant. Au savoir-faire, à l'efficacité, à la nervosité, voire au style, se substituent désormais le statisme, l'académisme, la pesanteur. Des vingt films à gros budget qu'il tourne jusqu'en 1976, seuls surnagent The Young Lions (Le Bal des maudits, 1958) et des scènes de Broken Lance (La Lance brisée, 1954), Warlock (L'Homme aux colts d'or, 1959) et The Carpetbaggers (Les Ambitieux, 1963). Certains ont vu dans cette déréliction l'émanation d'un sentiment de culpabilité que symboliseraient les mains mutilées des protagonistes dans The Sniper et Warlock ; mais on retrouve la même image dans Give us this Day (Donnez-nous aujourd'hui, 1949), qui est antérieur à sa « trahison ». Quoi qu'il en soit, le cinéaste semble alors avoir abandonné toute ambition, si ce n'est, parfois, dans le choix de ses sujets et sa direction d'acteurs.
À partir de 1978, année de la publication de son autobiographie It's a Hell of Life But Not a Bad Living, Edward Dmytryk enseigne à l'University of Texas à Austin puis, à partir de 1981, à l'University of Southern California à Los Angeles. Il meurt le 1[...]
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
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