CRAIG EDWARD GORDON (1872-1966)
L' Anglais Edward Gordon Craig fut acteur, metteur en scène et décorateur de théâtre, graveur et illustrateur, essayiste et éditeur de revues. Son œuvre écrite et dessinée n'a cessé de constituer l'une des sources principales de la réforme artistique du théâtre qu'il s'agisse de décors et de costumes, de mise en scène, d'architecture, des rapports du metteur en scène avec l'auteur dramatique et les interprètes, ou de l'enseignement du théâtre.
Praticien et théoricien
Fils de la célèbre actrice anglaise Ellen Terry (1848-1928) et d'Edward William Godwin (1833-1886), architecte épris de théâtre, Craig, né à Stavenage (Hertfordshire), commence sa carrière d'acteur à l'âge de treize ans, au cours d'une tournée effectuée aux États-Unis avec sa mère et Henry Irving, qu'il considérera toute sa vie comme son maître. Engagé par Irving au Lyceum Theatre à dix-sept ans, il interprète des rôles souvent importants du répertoire shakespearien. Il jouera le même répertoire, pour d'autres compagnies, et s'illustrera dans le rôle de Hamlet. Sa carrière de metteur en scène et de décorateur commence en 1893 avec On ne badine pas avec l'amour, et se poursuit avec Hamlet puis Roméo et Juliette(1896). En 1897, il s'installe, avec une compagnie qu'il a constituée, au Royal Theatre de Croydon. S'associant avec le compositeur Martin Shaw, il monte Didon et Enée (1900), The Masque of Love (1901), et Acis et Galatée (1902), pour lesquels il compose décors, mises en scène et costumes. Il met en scène Bethleem, miracle de Laurence Housman (1902), puis Les Vikings d'Ibsen et Beaucoup de bruit pour rien. À Florence, il décore et met en scène Rosmersholm d'Ibsen qu'interprète Eleonora Duse (1906). Divers projets de décors interfèrent avec des expositions de ces maquettes, dessins et gravures organisées en Angleterre, en Allemagne, en Autriche, en Hollande, en Italie et en Suisse, et avec l'édition de publications et d'écrits théoriques : The Art of the Theatre (1905) ; On the Art of the Theatre (1911) ; A Living Theatre (1913) ; Books and Theatres (1925), ou des reproductions de maquettes de décors : A Portfolio of Etchings (1908) ; A Second Portfolio of Etchings (1910) ; Toward a New Theatre (1913) ; A Production (1926) ; des maquettes et esquisses pour Les Prétendants à la Couronne d'Ibsen (1930). Enfin il publie des revues : The Page (1898-1901) ; The Mask (1908-1915, 1918, 1923-1929) ; The Marionette (1918). Ses deux dernières grandes réalisations concernent la mise en scène de Hamlet, donné à Moscou sur l'invitation de Stanislavski (1912), qui aura quatre cents représentations, et celle des Prétendants à la Couronne d'Ibsen au Théâtre royal de Copenhague (1926). La bibliothèque personnelle de Craig ainsi qu'un important ensemble de maquettes, manuscrits et lettres ont été acquis par la Bibliothèque nationale française en 1957.
Les conditions privilégiées de ses débuts n'empêchent pas de rendre Craig conscient des maux qui abaissent le théâtre au niveau d'un art inférieur. Son désir de le « repenser » et d'écarter résolument les compromis de la pratique explique, à la fois, la brièveté de sa carrière d'acteur, la rareté de ses réalisations scéniques, l'abondance de ses publications ainsi que son projet (dont la guerre de 1914-1918 réduit la réalisation à une année) de créer une grande école de théâtre, qui devait constituer le principal instrument de la réforme dont il se fait le promoteur.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- André VEINSTEIN : professeur à l'université de Paris-VIII
Classification
Média
Autres références
-
SCÉNOGRAPHIE
- Écrit par Jean CHOLLET
- 6 524 mots
- 3 médias
Les avancées d'Appia ne peuvent être dissociées des apports de son cadet de dix ans, Edward Gordon Craig (1872-1966), metteur en scène et théoricien anglais. Celui-ci définit le théâtre comme un art du mouvement dans un espace symbolique fondé sur la rencontre géométrique des lignes et des plans,... -
THÉÂTRE OCCIDENTAL - La scène
- Écrit par Alfred SIMON
- 10 045 mots
- 7 médias
Les deux prophètes de la mise en scène moderne, inspirateurs de la grande révolution scénographique, le Suisse Adolphe Appia (1862-1928) et l'Anglais Gordon Craig (1872-1966), ont, pour des raisons diverses, créé eux-mêmes très peu de spectacles. D'où le côté radical de leurs thèses et la suspicion...