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KARDELJ EDWARD (1910-1979)

Né à Ljubljana (Slovénie), Kardelj est le principal théoricien de la société d'autogestion et l'un des auteurs de toutes les constitutions yougoslaves après la guerre, notamment de la Constitution de 1974 qui, du fait de ses conceptions parfaitement originales, n'a rien de comparable dans aucun autre pays. Originaire d'une famille ouvrière, ancien instituteur, Kardelj adhère en 1928 au Parti communiste alors interdit. Après avoir purgé de 1930 à 1932 une peine de réclusion pour activité révolutionnaire, il se consacre après sa mise en liberté à la réorganisation du Parti communiste de Slovénie et en devient l'un des secrétaires. Pendant son séjour à Moscou, de 1934 à 1937, il suit les cours à l'université Lénine et enseigne l'histoire du Komintern à l'université des minorités nationales : c'est l'époque où, avant qu'il ne devienne en 1937 secrétaire général du Parti communiste de Yougoslavie, Tito est attaché à la section balkanique du Komintern. Rentré cette même année dans son pays natal, Kardelj est aussitôt coopté par Tito dans la direction restreinte du parti ; il ne cessera, dès lors, d'occuper les plus hautes fonctions. Le séjour des deux hommes à Moscou correspond à la période des grandes purges staliniennes ; ils sont parmi le très petit nombre de cadres du parti yougoslave à y avoir échappé.

Pendant la guerre, de 1941 à 1945, Kardelj rassemble dans un Front de libération populaire de Slovénie les représentants des diverses tendances politiques progressistes de l'ancien régime et dirige, avec feu Boris Kidric, le mouvement insurrectionnel partisan dans cette région contre les Italiens et les Allemands. En novembre 1943, il est nommé par l'Assemblée antifasciste, réunie à Jajce, sur le territoire libéré de Bosnie, vice-président du Comité national de libération de Yougoslavie. Ce Comité, proclamé gouvernement provisoire, dénie dans une déclaration retentissante le droit au gouvernement légal réfugié à Londres de représenter la Yougoslavie auprès des pays alliés. Après la guerre, Kardelj exerce les fonctions de vice-président du gouvernement fédéral, de ministre des Affaires étrangères (1948-1953), de président du parlement fédéral et, au sein du parti, qui prend en 1952 le nom de Ligue des communistes de Yougoslavie (L.C.Y.), celles de membre du bureau politique et de secrétaire du comité central. Adversaire résolu du Kominform lors du conflit de 1948, il a également soutenu avec fidélité le président Tito lors de toutes les crises de politique intérieure, notamment lors de l'éviction de Milovan Djilas (en 1954) et de l'ancien vice-président Alexandre Rankovitch (en 1966), de la direction « nationaliste » du parti croate en 1971 et des directions « libérale » du parti serbe et « technocrate » du parti slovène en 1972. À sa mort, il est toujours membre de la présidence de l'État et membre de la présidence de la L.C.Y. Malgré sa longue maladie il reste très actif et assiste au XIe congrès de la L.C.Y. en juin 1978, une de ses publications servant de document préparatoire, mais, en août 1978, il ne peut accueillir les dirigeants chinois.

Kardelj est l'auteur de nombreux ouvrages et articles sur la « voie » nationale de la Yougoslavie vers le socialisme, sur le système d'autogestion et la politique de non-alignement. Dans son livre Le Socialisme et la guerre (1960), dont on a fait de nombreuses traductions, il développe la théorie sur les dangers que représente pour le mouvement ouvrier international l'hégémonie d'un pays socialiste à l'égard d'un autre pays socialiste. Analysant dans ce cadre les rapports sino-soviétiques, il arrive à la conclusion que le conflit entre les deux pays n'est pas en substance un conflit idéologique, mais celui des intérêts antagonistes de deux grandes puissances. Kardelj occupe[...]

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