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WILSON EDWARD OSBORNE (1929-2021)

Contributions, avancées scientifiques et controverses

La première contribution marquante d'E. O. Wilson concerne la dynamique et les équilibres de la richesse en espèces dans les milieux insulaires en fonction de la taille des îles et de leur distance au continent. L’ouvrage The Theory of Island Biogeography, écrit avec l’Américain Robert H. MacArthur (1930-1972) et publié en 1967, aura une influence majeure en écologie et en particulier en biologie de la conservation.

L’observation des fourmis l’amène à s’intéresser à l’évolution des comportements sociaux dans le monde vivant et il publie en 1971 The InsectSocieties, une synthèse des connaissances sur les insectes sociaux (fourmis, guêpes et abeilles sociales, termites). Pour expliquer le comportement eusocial de ces insectes, c’est-à-dire leur organisation en castes d’individus fertiles et non fertiles, E. O. Wilson reprend le concept de valeur sélective globale (inclusive fitness) proposé en 1963 et 1964 par le biologiste de l’évolution britannique William D. Hamilton (1936-2000). Ce concept sera à l’origine de la théorie de la sélection de parentèle (permettant d’expliquer l’apparition du comportement altruiste au sein des sociétés animales).

E. O. Wilson étend ensuite ses réflexions à d’autres organismes, y compris l’être humain. En 1975, il publie son ouvrage le plus controversé, Sociobiology: The New Synthesis, dont le dernier des vingt-sept chapitres aborde la question de l’évolution du comportement social humain sous le titre « Man: from sociobiology to sociology », la sociobiologie pouvant se définir comme l’étude systématique des fondements biologiques des comportements sociaux des animaux, y compris l’humain. L’ouvrage est d’abord bien reçu, puis fait l’objet de vives critiques de la part de certains biologistes et représentants d’autres disciplines. Il suscite également de fortes oppositions de nature politique, en particulier aux États-Unis et en France. E. O. Wilson y aborde en effet la question du déterminisme évolutif de comportements sociaux tels que l’altruisme ou l’agressivité et fait la part belle au déterminisme génétique dans le contexte de la sélection naturelle darwinienne ; cette inscription dans le vieux débat nature/éducation ou inné/acquis rapporté à l’être humain est très conflictuel. Malgré les précautions prises préalablement par E. O. Wilson, la sociobiologie, au sens de cet auteur, est ainsi accusée de redonner une caution à certaines dérives politiques et sociales passées fondées sur le déterminisme biologique, telles que l’eugénisme. E. O. Wilson est même accusé de racisme et devra s’en défendre vivement en public. L’influence de la sociobiologie reste forte dans le champ du comportement animal et, concernant l’humain, la prise en compte de la dimension évolutive est à l’origine du développement de la psychologie évolutionniste, une discipline elle aussi objet de controverses.

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Écrit par

  • : docteur en zoologie, habilité à diriger des recherches, ancien directeur de recherche à l'Institut de recherche et développement, ancien président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité

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Edward O. Wilson - crédits : Rick Friedman/ Corbis/ Getty Images

Edward O. Wilson

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