STEICHEN EDWARD (1879-1973)
Artiste exerçant peinture et photographie entre l'Europe et l'Amérique, photographe de mode, également portraitiste de studio, et enfin directeur du département de photographie au musée d'Art moderne de New York : telles sont les trois vies d'Edward J. Steichen entrecoupées par deux engagements dans les services photographiques de l'armée. Il est d'autant plus difficile de réduire Steichen à la seule figure du photographe que son œuvre de directeur artistique est revenue au premier plan, avec l'installation au Luxembourg en 1994 de la légendaire exposition The Family of Man.
C'est à Bivange, Luxembourg que naît Edward Steichen en 1879 ; deux ans plus tard, sa famille en quête d'une vie meilleure décide d'émigrer aux États-Unis. Au collège se révèlent des aptitudes pour le dessin que sa mère saura encourager, sa mère dont il reconnaît que l'enseignement moral fut à l'origine du projet de The Family of Man. En 1894, il entre comme apprenti chez un lithographe et aborde la photographie ; en 1899 il expose pour la première fois à Philadelphie, puis à Chicago où le photographe Clarence H. White l'incite à rencontrer Alfred Stieglitz. Celui-ci lui achètera trois tirages en 1900, à New York. Parti pour Paris la même année, il visite l'Exposition universelle et découvre l'œuvre de Rodin qui l'impressionne fortement. Il rencontre le sculpteur à Meudon. Au Salon de 1901, il expose une toile, un portrait. De retour à New York – ses voyages entre New York et Paris sont incessants –, il prend part à la fondation du groupe Photo Secession en 1902 et à la revue publiée par celui-ci, de 1903 à 1917, Camera Work : il en dessine la couverture. Sa première exposition personnelle de tableaux et de photographies a lieu à Paris en 1902. Il expérimente alors la photographie en couleurs. La galerie 291, dirigée par Alfred Stieglitz à New York lui consacre une exposition en 1906 et Camera Work un numéro spécial. Il retourne en France pour sélectionner les dessins de Rodin qui composeront l'accrochage organisé en 1907 par Stieglitz dans sa galerie et collaborera à plusieurs expositions d'artistes français (Cézanne et Matisse, notamment). En 1911, l'éditeur parisien Lucien Vogel l'invite à mettre ses talents au service de la photographie de mode dans la revue Art et Décoration qui publie treize de ses photographies : des modèles de Paul Poiret. Puis il reprend ses recherches personnelles et, en 1913, un numéro double de Camera Work lui est consacré. En 1917, il décide de s'engager dans le corps expéditionnaire américain et rejoint le service photographique de l'armée de l'air opérant en France.
Après avoir renoncé à la peinture et détruit tous ses tableaux, il quitte en 1922 sa maison de Voulangis, près de Paris, où il avait séjourné et travaillé pendant trois ans.
En 1921 il est à Athènes avec la danseuse Isadora Duncan, qu'il immortalisera dansant entre les colonnes du Parthénon. En 1923, il est nommé directeur de la photographie dans le groupe Condé Nast, qui édite Vogue et Vanity Fair, deux magazines où apparaissent régulièrement ses œuvres. Il impose vite son style, plus épuré que celui du baron de Meyer, le pictorialiste qui avait marqué jusqu'alors les pages de mode de Vogue. De cette activité, il reste, entre autres, ses compositions pour Vogue sur le thème du noir (autour d'un piano) et du blanc (autour d'un cheval), de 1934 et 1935. Steichen se lance également dans la photographie publicitaire pour l'agence J. Walter Thompson et ouvre un studio à New York. Il réalise des portraits célèbres comme celui de Gloria Swanson en 1924 ou de Greta Garbo en 1928. Il publie en 1930 un livre de photographies pour les enfants : The First Picture Book, et mène parallèlement des expériences de tirages en très grand[...]
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Écrit par
- Gabriel BAURET : historien et critique de la photographie, chargé de cours à l'université de Paris-X
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