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BLYDEN EDWARD WILMOT (1832-1912)

Né le 3 août 1832 à Saint-Thomas, une des colonies danoises des Caraïbes, et descendant d'esclaves, Edward Wilmot Blyden devint l'une des personnalités internationales les plus brillantes du monde africain et caraïbe.

Sa candidature dans des établissements d'enseignement supérieur américains ayant été refusée, E. W. Blyden fut envoyé au Liberia par la New York Colonisation Society. Il devint à Monrovia directeur du collège où il avait fait ses études et ministre du culte presbytérien. Connaissant plusieurs langues, dont le français, l'allemand, le grec, l'hébreu et l'arabe, il exerça des fonctions d'enseignement tout d'abord, au Liberia et en Sierra Leone, puis il entra dans une carrière gouvernementale et diplomatique à partir de 1877. Après plusieurs échecs comme candidat à la présidence de la République du Liberia, Blyden se retira en 1909 avant de mourir en 1912.

Son œuvre se caractérise par une infatigable recherche dans le domaine historique et religieux. À l'issue d'un voyage en Égypte et au Moyen-Orient, son intérêt pour la culture islamique l'incitait à fonder une école islamique à Freetown (Sierra Leone) en 1901, époque à laquelle Blyden s'élevait contre l'intensification du processus de colonisation européenne en Afrique. Prenant le contre-pied des théories européennes sur l'infériorité des populations africaines, il chercha à expliquer les différences culturelles par l'influence du milieu et par des facteurs d'ordre théologique : l'action d'un « grand dieu de l'Univers ». Il se consacra ainsi à l'examen des apports des premières civilisations africaines à la culture européenne classique et des conséquences des débuts de la traite négrière pratiquée par les Portugais à partir du xve siècle. Ses travaux érudits sur l'islam en Afrique, réunis dans l'ouvrage Christianity, Islam and the Negro Race (1887), ont longtemps fait autorité. Blyden y affirmait notamment : « La solidarité de l'humanité requiert le développement complet de chacune de ses composantes afin que l'ensemble puisse fonctionner effectivement. Faire de l'Africain un parasite du monde européen ne serait d'aucun profit pour le genre humain. » Complémentarité et interdépendance des diverses communautés humaines constituaient les lignes de force de ses travaux qui lui permettaient de remettre en cause, notamment, les procédés de pénétration coloniale des Européens par la traite et l'envoi de missionnaires.

De l'Afrique, Blyden passait à l'analyse de la situation des Noirs aux Amériques et à celle de leur oppression aux États-Unis, s'efforçant de transmettre, par de nombreux articles et conférences, la connaissance des civilisations africaines qu'il considérait comme « le conservatoire spirituel du monde » (« Africa may yet prove to be the spiritual conservatory of the world »).

Pionnier du panafricanisme, Blyden rejoint par de nombreux aspects de son œuvre celles de W. E. B. Du Bois ou de Marcus Garvey. Il prôna en effet une meilleure connaissance du passé africain par les Noirs américains et leur retour en Afrique.

— Nelly SCHMIDT

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Écrit par

  • : chargée de recherche au C.N.R.S., Centre d'histoire de la France contemporaine, groupe de recherches Caraïbes-Amériques, université de Paris-X-Nanterre

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