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COANDA EFFET

Étrange phénomène de la mécanique des fluides, découvert par hasard, à la suite d'un contretemps, au cours d'une expérience d'aéronautique, par l'ingénieur aérodynamicien roumain Henri Coanda (1886-1972), qui lui donna son nom.

L'effet Coanda se présente de la manière suivante : lorsqu'un fluide (aussi bien un gaz qu'un liquide) sort d'un récipient par un orifice ou un tuyau, une partie de ce fluide a tendance, au moment où il émerge, à épouser intimement le contour extérieur du récipient, même s'il lui faut, pour cela, faire un « virage en épingle à cheveux ». L'exemple le plus courant de l'effet Coanda est la façon malencontreuse dont le thé s'écoule d'une théière lorsqu'on n'incline pas assez le bec verseur ; le thé sort bien de la théière, mais le jet adhère à la paroi extérieure pour s'égoutter finalement ailleurs que dans la tasse où il était censé arriver.

L'existence de ce phénomène dépend étroitement de quelques paramètres cruciaux, parmi lesquels on peut citer la vitesse d'écoulement du jet, l'intensité de son débit et le profil exact de l'ajutage de sortie. Autrement dit, lorsque l'effet Coanda se manifeste à la sortie d'une théière, il suffit d'augmenter le débit du thé pour faire cesser le phénomène.

L'effet Coanda, qui peut d'ailleurs avoir des conséquences bénéfiques dans certaines circonstances, s'exerce aussi, et même plus fortement encore, dans le domaine des écoulements gazeux, en particulier en aérodynamique, où il peut donner lieu à des effets très importants en raison d'un phénomène d'entraînement exercé sur l'air environnant. Cet entraînement peut mettre en jeu des quantités d'air suffisantes pour donner lieu à des applications pratiques. C'est ainsi que dans un certain type de véhicule à coussin d'air, un courant d'air est éjecté vers le haut (et non vers le bas, comme dans les véhicules à coussin d'air conventionnels) à travers une fente annulaire disposée au sommet du véhicule. Ce jet d'air, après être sorti vers le haut, subit l'effet Coanda et s'écoule jusqu'à terre le long des parois du véhicule. Ce faisant, il entraîne avec lui une partie de l'air qui surmonte le véhicule. Il se crée donc au-dessus du véhicule une dépression qui, conjuguée à la surpression (exercée) en-dessous du véhicule, produit un effet de sol suffisant pour soulever le véhicule.

Dans un domaine tout à fait différent, l'effet Coanda est à la base du fonctionnement des circuits logiques utilisant un fluide, également appelés circuits fluidiques. Dans ces circuits, où circule de l'air comprimé (éventuellement des liquides sous pression), se produisent les mêmes phénomènes de « tout ou rien » que ceux qui régissent la circulation des impulsions électroniques dans les circuits d'ordinateurs ; ils sont donc susceptibles des mêmes applications pratiques, c'est-à-dire les calculs élémentaires ou les décisions logiques. Les circuits fluidiques sont évidemment beaucoup moins rapides que les circuits électroniques, mais ils présentent l'avantage d'être totalement insensibles aux perturbations thermiques, électromagnétiques et mécaniques (vibrations).

— Bertrand DREYFUS

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Écrit par

  • : licencié ès sciences, bachelor of sciences, University of Chicago

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