ZEEMAN EFFET
Effets magnéto-optiques de la matière condensée
Niveaux de Landau des solides
Dans les liquides, les substances vitreuses et les cristaux, les atomes, molécules ou ions constituants sont très voisins les uns des autres (quelques dixièmes de nanomètre) et ils interagissent donc très fortement. Il en résulte que les spectres observés sont généralement très différents de ceux des atomes ou des molécules libres.
Dans la plupart des cas, on doit considérer que les électrons optiques d'un cristal ne sont pas liés à un noyau particulier, mais qu'ils appartiennent en bloc à l'ensemble de l'échantillon, se répartissant en bandes d'énergie, dont la bande de valence, la dernière à être normalement peuplée, et la bande de conduction, la première à être normalement vide (cf. matière - État solide). Dans chaque bande existe un quasicontinuum d'états quantiques. Landau a montré que, sous l'effet d'un champ magnétique B, ce quasi-continuum se condense en sous-bandes ( niveaux de Landau) séparées par l'écart énergétique Ec = hBe/2 πm *, où m * est la masse effective des électrons de la bande considérée. On observe, d'une part des transitions entre deux niveaux de Landau de la même bande (résonance cyclotron en ondes centimétriques ou infrarouges lointaines) et, d'autre part, des transitions entre un niveau de Landau appartenant à la bande de valence et un niveau de Landau appartenant à la bande de conduction. C'est le phénomène de magnéto-absorption, observé dans le proche infrarouge pour les semiconducteurs, et qui pourrait être observé dans l'ultraviolet pour les isolants. Le front du côté des grandes longueurs d'onde de la bande d'absorption fondamentale, qui a une forme douce en absence de champ magnétique, présente, quand B est non nul, des accidents dont la position dépend de B d'une façon un peu analogue à celle des composantes Zeeman des spectres atomiques. L'extrapolation pour B = 0 de la position de ces composantes permet une détermination précise de la distance énergétique entre bande de valence et bande de conduction.
Effet Zeeman des centres localisés
On rencontre des cas où les électrons optiques, bien que perturbés par l'entourage cristallin, sont liés essentiellement à un centre donné (par exemple, centres colorés dus à des impuretés ou à des défauts de réseau, cristal pur renfermant des ions de terre rare, etc.). Les spectres sont alors assez semblables à ceux des atomes libres, les raies d'émission ou d'absorption étant simplement plus ou moins déplacées et élargies par interaction avec l'entourage. Quand l'élargissement est suffisamment faible, l'effet Zeeman présente des caractères très analogues aux caractères étudiés au chapitre 2. Il faut tenir compte, toutefois, d'une plus faible symétrie du problème non perturbé (en l'absence de B) et de complications dues à l'orientation de B par rapport aux axes cristallographiques. Un exemple bien connu d'un tel effet Zeeman de caractère « presque atomique » est celui des raies rouges du rubis, Al2O3 dopé au Cr+++.
Des effets Zeeman résolus se rencontrent également dans les spectres d'entités à comportement « individuel », bien que non localisées, comme l'exciton (ensemble électron-trou se déplaçant de conserve dans un cristal) ou le polaron (électron se déplaçant dans un cristal accompagné d'un « nuage de polarisation »).
Quand les raies dues à un centre localisé sont trop élargies pour que l'on puisse en séparer les composantes Zeeman par les champs les plus intenses que l'on sache produire, l'effet Zeeman prend la forme d'un dichroïsme magnétique en absorption, d'une polarisation magnétique en émission. Soit, par exemple, une observation longitudinale dans une expérience[...]
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Écrit par
- Jean MARGERIE : professeur à l'université de Caen
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