EFFORT, physiologie
Le conditionnement sportif
La pratique habituelle d'activités physiques, en provoquant sur les divers appareils les réactions ci-dessus décrites, est à l'origine d'un véritable conditionnement organique.
L'exemple le plus spectaculaire est celui du cœur. Le conditionnement cardiaque se traduit par trois caractères qui font du cœur sportif un cœur bien particulier. Le cœur sportif est gros ; l'augmentation du volume est due à la fois à une hypertrophie du muscle également répartie sur le cœur droit et sur le cœur gauche et à une augmentation de capacité des cavités ventriculaires. Cela explique la possibilité qu'a le cœur sportif d'augmenter considérablement son débit lors de l'effort. Ce cœur est lent ; le rythme de base se situe vers 50. Cela est dû à l'hypertonie du système pneumogastrique consécutive à l'entraînement du système nerveux autonome fréquemment sollicité par des appels de sens contraire qui marquent démarrage et arrêt. Le cœur sportif est sthénique, c'est-à-dire que la force de ses contractions est plus grande. Cet effet est dû à la fois à la plus grande longueur de la fibre, à la meilleure irrigation du muscle, à la meilleure qualité du métabolisme et à l'action sur la fibre myocardique de l'adrénaline sécrétée en abondance par la médullo-surrénale lors de l'effort.
Les glandes surrénales subissent aussi une hypertrophie qui permet la possibilité d'un accroissement de la sécrétion des diverses hormones. L'anatomie du poumon est également transformée par l'augmentation de la circulation pulmonaire.
Ce conditionnement anatomique, qui montre la réalité de l'effet des activités physiques sur l'organisme, ne doit pas faire oublier le conditionnement physiologique dont les effets sont surtout nets dans le domaine de la motricité.
L'entraînement développe le contrôle de la motricité en permettant d'acquérir la précision et l'économie du geste qui se trouve débarrassé de tous les mouvements parasites inutiles, la souplesse des mouvements par une meilleure harmonisation de l'action des muscles agonistes et antagonistes, une équilibration plus stricte par une régulation précise du tonus musculaire en rapport avec une vivacité accrue des réflexes sensitivo-moteurs généraux et sensoriels. Dans le mouvement volontaire du sportif entraîné, le rôle de l'écorce cérébrale est primordial au début. Le sujet doit acquérir une image motrice faite à la fois de la représentation visuelle du geste à accomplir et des diverses sensations recueillies à la périphérie que l'exécution du geste projette jusqu'à l'écorce pariéto-temporale par les voies sensitives. Lorsque cette double représentation est réalisée, l'exécution du geste est parfaite. Alors le rôle de l'écorce cérébrale s'amenuise peu à peu. La place prédominante revient aux formations nerveuses sous-corticales plus directement responsables des mouvements automatiques. Dans la mesure où l'automatisme a pris le dessus, la part de la volonté n'intervient que pour la décision de l'acte et pour sa finition. Tous les gestes intermédiaires relèvent alors de l'automatisme. Cela explique avant tout la diminution de la fatigabilité et par conséquent l'accroissement de la résistance. Mais cela explique aussi la vivacité plus grande de certains réflexes de parade, rendus possibles par une connaissance anticipée du geste qui s'impose. Le rôle du cortex cérébral chez le sujet entraîné n'en est pas moins important. Nous avons vu l'adaptation préalable à l'effort que représente la tachycardie initiale déclenchée par un stress d'anticipation. Ce stress d'anticipation peut entraîner chez certains sujets la sécrétion de l'adrénaline avant le début de la compétition et le sujet se trouve ainsi d'emblée en possession des moyens d'adaptation. Toutefois, si ce stress d'anticipation est trop violent, s'il survient sur[...]
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Écrit par
- Fernand PLAS : professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris
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