- 1. L'Église triomphante et l'architecture aulique
- 2. Les rois chrétiens se veulent romains
- 3. Une sensibilité nouvelle : le culte des reliques
- 4. La rénovation carolingienne
- 5. La réforme grégorienne
- 6. La réforme monastique
- 7. Le style gothique
- 8. La révolution des ordres mendiants
- 9. La réforme catholique et le concile de Trente
- 10. Le triomphe de la société laïque
- 11. Bibliographie sélective
ÉGLISE, architecture
Alors que le même terme désigne, à la majuscule près, les édifices destinés au culte du Christ et la communauté de ses disciples, on observe que l'histoire et les réformes de l'Église à travers les siècles concernent à la fois sa liturgie et son architecture. L'histoire de l'architecture chrétienne s'étend sur plus de seize siècles et a concerné une grande partie du globe, au fur et à mesure que les Européens se sont répandus par la conquête ou par l'évangélisation. Le panorama serait si vaste qu'il paraît illusoire de tenter de le dresser, d'autant que bien des périodes sont aujourd'hui encore fort mal connues. Si le Moyen Âge a fait l'objet de recherches depuis deux siècles, les périodes classiques demeurent cruellement délaissées et la spécificité religieuse n'apparaît guère dans la plupart des études historiques. Plusieurs remarques s'imposent aujourd'hui : d'abord les grands édifices du ive siècle sont restés une référence constante ; ensuite, il faut établir une distinction entre le programme et le style. Le premier est la conséquence de la nécessité de construire ou de reconstruire pour répondre à des besoins nouveaux. Le second est plus complexe à analyser, dans la mesure où les commanditaires doivent effectuer la synthèse entre tradition et modernisme. La cathédrale, dès lors qu'elle a été implantée dans une ville antique, illustre ce débat. À quelques exceptions près, son emplacement originel n'a pas changé : reconstruite à plusieurs reprises, deux fois ou parfois trois, elle l'a été dans un style qui était celui de son temps. Certes, dès lors que le terrain est vierge et le projet nouveau, la liberté est mieux assurée.
La finalité de l'architecture chrétienne rompt avec celle du temple antique. Dans celui-ci, le fidèle n'entre pas, seul le prêtre en franchit les portes. L'édifice de culte chrétien a été conçu pour rassembler les hommes, ou une catégorie d'hommes, afin de célébrer le sacrifice de Dieu, venu sur Terre pour racheter les êtres humains. Le prêtre refait sur l'autel les gestes du Christ lors de la dernière Cène. Dans la cathédrale, l'église du diocèse, il appartient à l'évêque, représentant des apôtres, de réitérer sacramentellement le sacrifice du salut en présence de l'ensemble des fidèles qui forment l'Ecclesia (Église). Dans une abbatiale, cette communauté est réduite aux moines, qu'ils soient prêtres ou non. S'il existe des constantes dans la célébration de l'Eucharistie, certains paramètres sont plus mouvants, notamment en ce qui concerne les hommes constituant l'assemblée. Le souci de l'Église a été de s'adapter constamment à cette réalité humaine, ce dont témoignent les nouveaux programmes conçus au cours des temps. Apparaissent ainsi les grands moments qui ont scandé la vie de l'Église et, par voie de conséquence, celle de l'architecture chrétienne. Certains ont été élaborés par les plus grands personnages de l'Église dans les conciles, d'autres, plus diffus, s'analysent moins aisément.
L'Église triomphante et l'architecture aulique
Il est difficile de porter un jugement sur les lieux où les premiers chrétiens se réunissaient pour célébrer l'Eucharistie. Les témoignages, rares, ne sont pas suffisamment évocateurs pour affirmer l'existence d'une architecture chrétienne. Le culte était célébré dans des maisons individuelles pour échapper aux regards indiscrets et éviter toute difficulté. Les découvertes de Doura Europos, en Syrie, datées du iiie siècle, demeurent trop exceptionnelles pour servir de référence.
L'architecture chrétienne est née d'un acte politique, l'Édit de tolérance, promulgué en 313 à Milan par Constantin, qui autorisait la religion[...]
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Écrit par
- Alain ERLANDE-BRANDENBURG : conservateur général honoraire du Patrimoine
Classification
Médias
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