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ÉGLISE, architecture

Le triomphe de la société laïque

Il est encore difficile de porter un jugement sur les conséquences du dernier concile de l'Église catholique, qui porte le nom de Vatican II (1962-1965). Il paraît déjà, dans le domaine de l'architecture catholique, être aussi déterminant que l'édit de Milan, le césaro-papisme carolingien, la réforme grégorienne et les conciles de Latran IV (1215) et de Trente (1545-1563). Les décisions qui y ont été prises sont porteuses d'avenir. On le juge déjà aux modifications apportées aux aménagements hérités des xixe et xxe siècles, qui ont été dans ce domaine très hésitants, même si de grandes constructions religieuses ont vu le jour. Le goût historisant, l'éclectisme, le modernisme n'ont pas été suffisants pour témoigner d'un changement profond. La laïcisation progressive à laquelle on assiste a abouti à des réalisations d'une grande beauté, mais qui ne témoignent plus guère du mouvement religieux qui bouleversait autrefois la société. De grandes voix se sont élevées pour signaler le danger de marginalisation de l'Église catholique, dans un domaine où elle avait tenu jusqu'alors une place prépondérante. Le concile de Vatican II était donc l'occasion pour l'Église de renouer avec la société de son temps. On comprend dès lors les difficultés rencontrées au cours des débats et dans la prise de décision. Annoncé par Jean XXIII trois mois après son élection, le 25 janvier 1959, il a été ouvert le 11 octobre 1962 et s'est déroulé durant quatre automnes consécutifs, jusqu'en 1965. Paul VI le conclut après la mort de son prédécesseur, le 3 juin 1963. Le premier texte à avoir été approuvé, le 4 décembre 1963, concernait la constitution sur la liturgie.

Comme toujours, bien des points évoqués ne sont que des rappels. Ainsi, l'Église est la communauté des fidèles vivants et morts, prêtres et laïcs. Cette unité prend sa signification pleine et entière lors de la célébration eucharistique. La mise en œuvre des textes est ensuite laissée à la liberté des évêques et des responsables : « Dans la construction des édifices sacrés, on veillera soigneusement à ce que ceux-ci se prêtent à l'accomplissement des actions liturgiques et favorisent la participation active des fidèles » (VII, 124). Quant à l'existant dont la révision est demandée, elle est confiée aux conférences épiscopales, qui doivent tenir compte des traditions locales. Un certain nombre de conséquences en ont été déjà tirées. La première concerne le plan, jugé secondaire, la seule exigence étant qu'il favorise la communauté autour de l'autel. Ce dernier, dégagé du mur, doit permettre au célébrant, tourné vers les fidèles, d'être au centre de la cérémonie. Il est donc entouré par l'assistance, qu'il domine par sa position surélevée. Le deuxième point concerne la « présidence », dont l'emplacement n'est pas précisé. Le troisième touche à la parole, dont l'importance est à nouveau soulignée : elle est rapprochée de l'autel, grâce à la présence d'un ou deux ambons. À ces trois premiers points, il faut ajouter ceux concernant le tabernacle, le baptistère, la pénitence. L'association entre autel et réserve eucharistique est abandonnée, mais cette dernière doit être à proximité de l'autel et aisément repérable. Le baptistère doit se prêter aux célébrations communes. La pénitence peut rester traditionnelle, individuelle, ou communautaire « dans un lieu de réconciliation ».

Aucune réalisation contemporaine n'a jusqu'à présent servi de référence, et les aménagements accomplis restent variés. Néanmoins, la plupart témoignent de la volonté de faire appel à des artistes contemporains. L'effort a porté comme il se doit sur l'autel, destiné à la concélébration.[...]

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Premier Saint-Pierre de Rome - crédits : Encyclopædia Universalis France

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