WIES ÉGLISE DE LA
De toutes les églises de pèlerinage qui furent construites entre 1700 et 1770 en Allemagne du Sud, celle de la Wies passe à juste titre pour l'une des plus réussies et des plus belles. Elle est l'œuvre des frères Zimmermann, Johann Baptist, le peintre (1680-1758), et Dominikus, l'architecte (1685-1766), et marque pratiquement le point d'arrivée et la conclusion, triomphale il faut dire, de leur carrière commune. Les plans furent donnés en 1744 et l'église paraît avoir été achevée une dizaine d'années plus tard.
L'emplacement en est remarquable : nous sommes tout au sud de la Bavière, sur les contreforts des Alpes ; prairies et sapins alternent dans un paysage vallonné. L'aspect extérieur est déterminé par le plan : un espace central elliptique et surélevé, que prolonge un chœur plus étroit et plus bas. L'église se présente ainsi comme une grosse boîte à couvercle, couleur de parchemin, posée dans la campagne.
Cette boîte est une boîte enchantée. À l'intérieur, tout est lumière et légèreté, ruissellement d'or et de couleurs claires sur fond blanc. La coupole ovale qui couvre l'espace central est portée par des piliers faits de deux colonnes jumelées ; derrière ceux-ci, le déambulatoire est limité par le mur extérieur, que percent de hautes fenêtres et, au-dessus d'elles, des sortes d'oculi de forme chantournée. La coupole repose sur les doubles colonnes au moyen d'une série d'arcs correspondant aux oculi, de sorte que le jour inonde tout le vaisseau.
L'effet de légèreté est encore accusé par les ornements de stuc, cartouches et guirlandes, qui grimpent depuis les chapiteaux à l'assaut de la voûte dont ils recouvrent tout le bord inférieur, rendant illisibles pour l'œil les articulations de l'architecture et donnant du coup l'impression d'un monde sans pesanteur. Au plafond, dans un ciel clair où s'enroulent des guirlandes d'anges, un trône vide attend le juge suprême, en face de la porte du paradis encore fermée. Ce sont les préparatifs du Jugement dernier que Johann Baptist Zimmermann a représentés ; mais comment ne pas se sentir d'avance élu et sauvé, dans cette atmosphère irréelle où la promesse des voluptés surnaturelles semble déjà réalisée ?
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Écrit par
- Georges BRUNEL : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris
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Médias
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