SYRIENNE OCCIDENTALE ÉGLISE
Se nommant elle-même Église syrienne orthodoxe, l'Église syrienne occidentale est souvent appelée jacobite, ou encore monophysite, par les catholiques et les orthodoxes, soucieux d'exprimer qu'elle rejette les formulations christologiques du concile de Chalcédoine (451), au moins dans leur lettre. Il lui fallut un siècle pour se constituer, sur cette base, en Église indépendante et structurée : sans l'activité débordante de Jacques Baradée (500 env.-578), à qui elle doit sa hiérarchie et l'un de ses noms, elle n'y aurait sans doute jamais réussi.
Il serait inexact de la définir comme l'Église nationale de Syrie : elle ne constitua jamais dans ce pays qu'une confession parmi d'autres. Elle n'eut jamais d'unité géographique (ayant pour centre à la fois Antioche et Édesse, partageant les villes avec les chalcédoniens et les campagnes avec les nestoriens) et pas davantage d'unité culturelle, puisqu'elle participe à l'héritage syriaque avec l'Église nestorienne, ou syrienne orientale, avec qui ses rapports furent plus souvent hostiles qu'amicaux. Née en réaction contre l'État byzantin, elle fut marquée par une clandestinité dont la conquête musulmane, bien accueillie par elle, lui permit de sortir. Sans connaître l'expansion missionnaire caractéristique des nestoriens, elle atteignit son apogée aux xiie et xiiie siècles, mais elle ne put se relever des suites de l'invasion mongole au début du xive siècle.
Aujourd'hui, cette Église ne compte plus que deux cent mille fidèles, dispersés dans le Proche-Orient (région de Tur-Abdin, en Turquie ; Syrie, Liban et Iraq) ; son patriarche réside à Damas. Mais, à la fin du xviie siècle, elle connut une extension surprenante en Inde du Sud grâce au ralliement d'un groupe important de catholiques orientaux, anciennement nestoriens. Cette Église syro-malankare qui, après bien des démêlés, obtint l'autocéphalie par rapport à Damas en 1964, compte environ neuf cent mille fidèles.
L'Église syrienne occidentale, membre du Conseil œcuménique des Églises, a amélioré ses rapports avec Rome (envoi d'observateurs au IIe concile du Vatican, visite officielle du patriarche au Vatican en 1971) et collabore activement au rapprochement en cours entre les Églises non chalcédoniennes et l'Église orthodoxe.
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Écrit par
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
Classification
Autres références
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JACOBITE ÉGLISE
- Écrit par Hervé LEGRAND
- 218 mots
Depuis la fin du viiie siècle, on appelle souvent jacobites les membres de l'Église monophysite syrienne occidentale, parce qu'elle doit la constitution de son épiscopat à Jacques Baradée (500 env.-578). À l'instigation de l'impératrice Théodora, qui penchait vers le ...
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MONOPHYSITES ÉGLISES
- Écrit par Hervé LEGRAND
- 386 mots
On désigne sous ce terme les Églises issues plus ou moins directement du refus des formulations du concile de Chalcédoine (451), qui définissaient l'unité de personne et la dualité des natures dans le Christ. Pour cette raison, on les nomme aussi non chalcédoniennes. Elles groupent aujourd'hui...