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ORIENT ÉGLISES CHRÉTIENNES D'

Situations et modèles particuliers

Certaines Églises orientales ne rentrent qu'imparfaitement dans les cadres qu'on vient d'esquisser. C'est le cas de l'Église maronite, de l'Église d'Éthiopie, des communautés de l'Inde du Sud et des Églises dites uniates. L'Église maronite s'est constituée au cours du viiie siècle à l'intérieur du patriarcat d'Antioche à partir de monastères de la vallée de l'Oronte, en Syrie, et notamment de celui qui s'était développé sur la tombe d'un ascète du ve siècle, saint Maron. Acceptant la christologie chalcédonienne, mais refusant la byzantinisation – et peut-être, à la suite de cela, durant un certain temps, les décisions du IIIe concile de Constantinople (681) –, elle affirma nettement lors du concile occidental de Latran IV (1215) sa communion avec l'Église de Rome, adaptant peu à peu une large part de sa propre discipline aux normes venues de l'Occident latin. Son siège patriarcal, qui se fixa dans le courant du xe siècle sur les hautes vallées du Liban septentrional, garda jusqu'au xviiie siècle un caractère monastique, sans délimitation de sièges épiscopaux. C'est seulement le concile du Mont-Liban (1718) qui posa les bases d'une organisation plus conforme aux structures traditionnelles des Églises chrétiennes. Mais, à la différence du mode d'organisation des autres communautés orientales, l'exercice du pouvoir patriarcal y garda un caractère monarchique plutôt que synodal, au point que les maronites en sont venus à constituer une véritable nation dont le siège patriarcal constitue le symbole, situation qui n'est pas sans analogie avec celle de l'Église arménienne. Mais leur fidélité indéfectible à la communion avec l'Église de Rome les ouvre largement à l'esprit œcuménique.

L'Église d'Éthiopie, pour sa part, a gardé, jusque dans les années 1960, une organisation d'un type très particulier. Il semble que, depuis ses origines, elle était restée étroitement liée à l'Église copte, bien que ses premiers évangélisateurs fussent pour la plupart venus du monde syrien. Son histoire ancienne demeure encore mal connue, mais – au moins depuis la « restauration salomonienne » de 1270 et jusqu'au premier tiers du xxe siècle – c'est du patriarcat copte d'Alexandrie qu'elle recevait son unique évêque ordinant, l'«  abouna ». Celui-ci n'avait d'autre fonction que d'assurer la continuité du ministère ecclésiastique en conférant les ordres à des prêtres et des diacres choisis le plus ordinairement au sein d'une véritable tribu lévitique ; il lui appartenait, le cas échéant, de présider à certains rites plus importants. Mais le véritable chef de l'Église était, sous la haute direction de l'empereur, le supérieur du monastère de Débra-Libanos, l'étchégué. Le clergé, marié et formant une véritable caste, était assisté par les dabtara (docteurs) laïcs ; l'assistance spirituelle était en pratique réservée aux moines, qui furent toujours très nombreux. En 1959, l'empereur Hailé Sélassié obtint la création d'un patriarcat autonome dont le titulaire devait être consacré par le patriarche et pape d'Alexandrie ; depuis 1971, l'indépendance de l'Église éthiopienne est totale et ses patriarches sont consacrés par le synode des évêques.

Autre situation singulière, celle des communautés chrétiennes de l'Inde du Sud, dites des «  chrétiens de saint Thomas », qui font remonter leur origine à la mission de l'apôtre saint Thomas et à l'apport d'une communauté qui serait venue de Syrie au ive siècle sous la conduite d'un certain Thomas Kanna. Ces communautés se sont maintenues dans l'actuel État du Kerala. Depuis le [...]

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400 à 500. Royaumes barbares - crédits : Encyclopædia Universalis France

400 à 500. Royaumes barbares

Orientaux catholiques : répartition - crédits : Encyclopædia Universalis France

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